« 118…119…120. » La voix claire et le souffle court de Lisbeth résonnèrent dans l’immense salle de sport de son club. Allongée par terre, le dos contre le sol froid, sa peau claire ruisselant de sueur, elle continuait de faire ses abdos. Arrivée à ses 150 allers-retours quotidiens, Lisbeth se leva pour boire. Sa longue tresse brune ne ressemblait plus à rien, et ses yeux vert clairs étaient fermés pour apprécier toute la fraîcheur que lui apportèrent ses quelques gorgées d’eau. Elle fit une pause de plusieurs minutes avant de décider qu’elle devait enfin rentrer chez elle pour prendre une bonne douche et se préparer pour le travail. Une fois chez elle, elle enleva sa tenue de sport bleue, et laissa l’eau perler sur son corps fort et élancé. Se séchant les cheveux, elle vérifia ses mails. Plusieurs offres d’emplois s’offraient à elle. « Néo-Génesis, dit-elle avec un sourire au coin des lèvres, quelle belle ville pour un mercenaire ».

Faible, simple d’esprit et douillette ne sont vraisemblablement pas des traits de caractères qui lui sont propres. Elle préfère qu’on la surnomme « La faucheuse » ou bien encore « La Lys noire », ce qui correspond un peu plus à son tempérament de feu. Du côté de la sociabilité, elle n’est vraiment pas un bon exemple à suivre. Elle accepte quand même de parler si elle n’a vraiment plus le choix. Son métier de mercenaire l’oblige à ne pas se laisser faire par rapport aux hommes qui l’entoure quotidiennement. Néanmoins, il parait qu'elle à un certain humour, mais comme elle n'a pas d'ami, les seules personnes qui puissent le confirmer sont mortes, et parfois enterrées.

-Si t’es pas content du montant, dis-je affalée sur le canapé les bras dépliés sur toute sa longueur, t’as cas le faire tout seul. Mais je ne te garantis pas le résultat.

- Mais tout de même, mercenaire ! 2000 dollars pour seulement faire peur à mon ex-femme...

-Il faut savoir mettre la main au porte-monnaie pour pouvoir parvenir à ses fins.

Quel homme stupide. S’il n’est pas prêt à mettre tout ce qu’il faut pour la bataille, il ne la gagnera jamais. Ces humains... si faible, si fragile, et pourtant si imbus d’eux même, à vouloir toujours tout contrôler et tout faire évoluer. On se demande après comment Deus Ex Machina est arrivé. Mais bon, j'en fais parti de ses humains prêt tout.

L’homme me paya pour accomplir ma tâche. Sa femme, après leur divorce, est partie avec un autre homme juste, et il paraît qu’elle lui escroque toujours de l’argent. Mon job est de la voire, et de lui faire seulement peur. « Ça ne devrait pas pendre plus de deux heures » pensais-je en me dirigeant vers leur maison de la dame.

Le retour à la maison fait du bien. Même si je viens juste de redéménager dans le district Nord, le strict minimum me convient parfaitement. Je ne vis pas pour profiter des moments de la vie. Je ne suis là seulement que pour venger la mort de ma mère et de mon jeune frère.
Mon père est mort 8 mois avant ma naissance. Cinq ans plus tard, en 2286, ma mère a rencontré un nouvel homme, un certain Jason, avec qui elle a gagné la loterie pour avoir un enfant, qui s’appelait William. En 2291, suite à une sortie quelque peu agitée, Jason agis bizarrement. Il ne va plus à son travail, ne mange pas, et ne veut voire personne, et encore moins les rayons du soleil. Je n’ai compris que trop tard ce que cela voulait dire. Ma mère avait de plus en plus de mal à rester avec lui, et l’a viré. J'ai appris il y a deux ans, en tombant nez à nez avec lui, qu'il était devenu autre chose. Quelque chose de beaucoup plus dangereux, et de beaucoup plus puissant. En 2292, un de ses nouveaux amis à fait un tour chez nous, en pleine nuit évidemment. J’avais exceptionnellement demandé de dormir chez une amie de l’école cet nuit-là. Au retour, je me suis sentie complètement impuissante, vidée. Leurs corps étaient là, étendues sur le carrelage gelé du salon. On les avait définitivement vidé de leur sang, vu la pâleur maladive de leur peau. Mais il n’y avait aucune goutte sur le sol. On aurait dit qu’ils s’étaient endormi tous les deux par terre, dans une étreinte éternelle.
Pendant un an, j'ai vécu avec une bande de sans abri à la périphérie de Néo-Génésis, dormi dans des cartons, manger dans des poubelles. En un an, j’avais appris les méthodes pour disparaître des autres, et même de moi-même. En 2293, un homme est venu dans mon abris cartonné. Il se disait s’appeler Le Guérisseur, ou un truc du genre. Les premiers jours, je me terrais dans le fond de la boite. Mais plus il insistait, plus les portes de ma « maison » s’ouvrait. Et puis un jour, je me suis retrouvée à parler avec lui de mon avenir, autour d’une boisson chaude dans un café.

J'ai assez mal vécu les dernières années de ma scolarité. N'ayant pas vraiment de maison, mes études ont été assez difficiles à terminer. Mais à mes 18 ans, j'ai bel et bien réussit à obtenir mon Certificat. J'ai préférai m'arrêter, car cela faisait presque 6 ans que j'avais déjà trouvé ma voix.

Maintenant, je vis dans un appartement dans le district Nord, et j’ai un métier payant. Seulement, je ne me sens pas mieux. J’ai toujours un vide dans mon cœur, qui me fait me sentir mal, fade, insociable. Plus rien ne m’attire, à part la perspective de retrouver le fumier qui à bousiller ma vie. Je ne sais encore pas grand-chose de lui, à part qu’il s’appelle Barthélémy, et qu’il a plus de 5000 ans. De plus, il paraît qu’il s’est enfui de Néo-Génésis, ou il se terre vachement bien. Mais de tout façon, quelqu'un d'aussi vieux doit avoir une forte et puissante famille à gouverner au centre de la ville. Il reviendra un jour. Et si ce n’est pas de lui-même, je lui forcerai un peu la main.

Mon travail en tant que mercenaire paye bien, et me permet de me défouler et de trouver des informations. J’ai pratiqué de nombreux sports de combats, appris de multiples dialectes maintenant principalement éteints, et renforcer mon instinct de survie (qui doit être drôlement affûté dans un monde comme celui-ci).

Les événements de 2299 se sont passés...comment dire... assez vite. Je n'ai plus eu de contrat pendant un certains temps. Je restais le plus clair de mon temps chez moi. Dans de rare occasions je sortais, mais faisais tout pour rester dans l'ombre. Je laissais le temps passer, en espérant que rien en changera. Pour moi, les amplifiés ne sont rien d'autre que des insectes à écraser. Mais si je m'étais fait arrêter par les juges (ou par quelqu'un d'autre), ils m'auraient posé trop de questions, et j'aurai pu y passer. Rester chez moi et attendre la fin était bien la meilleure solution. Même si taper sur quelques amplifiés m'aurais fait le plus grand bien.

Pour ne pas me plonger corps et âme dans une bulle de vengeance, je vais dans une salle de sport pas très loin de chez moi. Cela me permet de faire le vide dans mon esprit, au moins pendant 2 heures. Heureusement que personne ne vient me parler, car ici, ma bulle d'émotion est assez peu solide...