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Lysandre • Quand on est une pourriture et qu'on le vit bien
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MessageSujet: Lysandre • Quand on est une pourriture et qu'on le vit bien Lysandre • Quand on est une pourriture et qu'on le vit bien EmptyDim 2 Avr 2017 - 15:27

Lysandre A. Fawkes
Ferid Bathory (Owari no Seraph)
Enculé ? ¤ 2689 ans – et il tient à fêter son anniversaire tous les ans ¤ Créatures Surnaturelles ¤ Vampire ¤ WLFC ¤ Hétérosexuelle même s'il a déjà connu quelques expériences malheureuses ¤ Papillon

Carte d'Identité
Pour aller plus loin
Situation

Métier : Directeur de l'hôpital Bonsecours, il est aussi écrivain à ses heures perdues.
Placement Social : Aisé grâce à ses 2000 ans de richesses accumulées.
Résidence : Une villa démesurée et un brin vieillotte pour certains dans le District Est.
Cité de Naissance : Sparte, un lieu que peu parviennent encore à placer sur une carte.


Qu'en Pensez-vous

Androïdes : Des créatures ennuyeuses parfois utiles.
Amplifiés : Des parodies d'humains souvent utiles.
Surnaturelle : Des ennemis potentiels à manier avec soin.


Derrière l'écran

CF. May Novera
En cas de départ, que souhaite tu pour ton perso ?
Une mort digne de tous les coups de pute qu'il a fait.

Physique

Lysandre, c'est pas le genre de gars à entrer dans une pièce sans que personne ne le remarque. Déjà, parce qu'il fait en sorte de toujours se démarquer quand il entre en piste. Ensuite, parce qu'il dégage un charisme surnaturel du fait de ses attributs vampiriques. Si toutes les adolescentes étaient en chaleur face à un représentant de sa race quelques siècles auparavant, il y avait une raison : les vampires sont classes, les vampires sont beaux, les vampires exercent une attirance magnétique envers le bétail. De fait, Lysandre n'échappe pas à la règle quoique son ego le pousse à affirmer qu'il figure dans le gratin des siens. Du haut de son mètre quatre-vingts, le directeur possède une carrure qui, si elle n'est pas très impressionnante, vous mettra des paillettes dans les yeux sans que vous ne compreniez pourquoi, surtout vous, les humains si aisément corruptibles. Il n'est pas particulièrement baraqué même si ses muscles sont finement dessinés par plus de deux cents siècles d'entretien quotidien.

Là où vous risquez de trouver notre sujet atypique, ce n'est pas tant sur son allure générale, altière, mais lorsque vous allez vous intéresser aux détails. A première vue, pour le commun des mortels, Lysandre pourrait sembler être atteint d'albinisme. Il en possède toutes les caractéristiques : peau pâle qui trahit un déficit de mélanine évident, cheveux blancs, yeux tirant sur le rouge. Autant de signes qui pourraient vous pousser à vous inquiéter pour sa santé. Si votre sollicitude le touche profondément, vous vous rendrez rapidement compte que personne ne le considère ainsi dans la vie de tous les jours. Lysandre passe pour un original aux yeux de ses contemporains de sorte que personne n'est choqué de le voir se balader avec une dégaine pareille.

Ses vêtements contribuent largement à renforcer cette impression. Soyons clairs et concis : Lysandre est stylé. Vous décrire toute sa garde robe serait plus long que d'écrire son histoire. Le maître des Narcy possède une collection à faire rougir bien des dames au point que ses tenues occupent une pièce entière de son imposant manoir. Il ne porte que des vêtements de créateurs, certains valant une véritable fortune, conçus par des stylistes désormais oubliés. Certains pourraient trouver que son style est un poil désuet. Chez lui, il apprécie en effet mettre des tenues d'un autre temps, avec des jabots et des dorures de partout. Malgré tout, il reste classe en toute circonstance, passé maître dans l'art d'associer des couleurs dans des mélanges audacieux. En public, parmi les humains, il s'arrange pour être constamment à la mode. Un simple costume-cravate n'est cependant pas assez extravagant pour lui. Ses costumes arborent souvent des motifs outranciers, des coupes sortant de l'ordinaire, bref, ça claque, ça brille.

Mais, bien que ses fringues occupent une part importante de sa vie, je suppose qu'elles ne vous aident en rien à le situer. Lysandre prend également soin de son physique en lui-même. Ses cheveux blancs longs sont très souvent attachés en tout type de coiffure. S'il privilégie la queue de cheval basse, il aime tout autant varier les plaisirs à grand renfort de tresses par exemple. Oui, Lysandre sait se faire des tresses. A vrai dire, il est rare de le voir avec les cheveux au vent ; son apparence doit être maîtrisée de A à Z. Il est d'ailleurs passé par toutes les couleurs et les coupes possibles au cours de son histoire avant finalement de revenir à sa teinte naturelle. Ses yeux tirent sur le rouge. Aujourd'hui, les gens s'amusent tellement avec les lentilles colorées que ça ne choque personne. De toute façon, il n'est jamais parvenu à se mettre des lentilles correctement. Elles passent son temps à se retourner sur son doigt, une vraie horreur. Du coup, de guerre lasse, il a abandonné cette entreprise se contentant de la couleur habituelle de son iris. Pour compléter ce tableau grossier qui ne lui fait probablement pas justice, ajoutez un sourire en coin, du type de ceux qui agace, comme s'il se foutait de votre tronche gentiment.

Outre cet marque vampirique évident pour ses pairs, Lysandre prend soin de cacher en public les autres signes distinctifs qui pourraient lui valoir le bûcher si nous étions encore au Moyen-Âge. Ses crocs sont en général ranger soigneusement dans sa bouche. Il contrôle parfaitement leur sortie comme il le désire. Certes, parfois, dans l'excitation, il n'est pas impossible qu'ils décident malencontreusement de dire bonjour. Pour autant, l'incident est rare. Ses oreilles sont également plus pointues que les humains lorsqu'il laisse pleinement ses instincts de vampire s'exprimer. Elles sont percées et Lysandre aime porter des boucles d'oreilles à l'occasion. Toutefois, il ne s'agit pas du bijou le plus important pour lui. En effet, parmi tous ses trésors de joaillerie, il y en a un dont Lysandre ne se sépare jamais. A son pouce gauche se trouve une chevalière en or massif. Sur le dessus se trouve son blason, le blason des Narcy. Il s'agit d'une rose stylisée avec, en son centre, une émeraude verte foncée. Cette chevalière enchantée permet au seigneur de sortir de son antre lorsque les rayons du Soleil frappe la ville de leurs rayons mortels. Chaque vampire à son service en porte une en moins clinquante et en beaucoup plus discrète, la sienne étant on ne peut plus tape-à-l’œil. Lysandre aime à rappeler subtilement son rang, parsemant sa tenue de rappels à son emblème en forme de rose, par des broches, des boutonnières ou autre. Il s'agit en quelque sorte de sa marque de fabrique.


Caractère

De premier abord, Lysandre n'a pas l'air de quelqu'un de profondément maléfique, bien au contraire. Des siècles en société lui ont appris à bien se comporter parmi les humains et à ne pas pousser des grands-mères dans la rue. Il a beau servir Lucifer de tout son être, son affiliation au grand maître du mal n'est pas écrite sur son front.

Lysandre est un jeune homme toujours jovial, affichant un sourire en chaque occasion. Néanmoins, vous apprendrez rapidement qu'il convient toujours de nuancer le moindre de ses faits et gestes. Si le vampire est perpétuellement de bonne humeur à priori, il l'est souvent au dépend des autres. Comme si fréquenter la populace lui rappelait qu'il était au-dessus de la plèbe et qu'il en tirait une immense satisfaction. Son sourire est souvent un brin moqueur face aux problèmes sans importance des autres, surtout les humains qu'il lui arrive de qualifier de simple bétail. Ce qui est amusant ici, c'est que Lysandre commence à oublier petit à petit qu'il a été l'un des leurs à une époque oubliée. Il prend plaisir à se moquer des Hommes communs et de leurs préoccupations si futiles. Les factures, les amourettes, le travail ... Tous ces composants ne sont à ses yeux que des broutilles même s'il prend un malin plaisir à regarder le commun se débattre contre de si petits problèmes sans importance tandis que, dans les coulisses, le destin du monde est déterminé. Bien souvent, ce qui se passe sur la scène n'est qu'un écran de fumée ; les vraies actions se déroulent à l'abri du regard indiscret du public, dans les coulisses. Lysandre fait parti des techniciens à l'arrière de la boutique. Rarement acteur, il préfère agir dans l'ombre, influencer subtilement plutôt que d'intervenir directement.

Quoiqu'il en soit, vous ne vous apercevrez pas tout de suite de la nature malhonnête du serviteur des ténèbres. A Néo-Génésis, ceux qui le connaissent comme le simple directeur d'un établissement hospitalier ne font face en général qu'à sa façade avenante. Lysandre passe pour un être décontracté et accessible. Il n'est pas souvent dans son bureau à l'hôpital, mais, lorsqu'il y est, il ne rechigne pas à écouter les plaintes des sous-fifres, ni à prendre son rôle de directeur en main lorsqu'il le faut. Généralement, il laisse son sous-directeur tout gérer. Cependant, de temps en temps, il aime bien mettre son grain de sel ; avoir sa petite entreprise l'amuse, comme un jeu de gestion grandeur nature. Bien sûr, il pourrait s'en passer. En tant que Seigneur à sa cour, il pourrait se contenter de centraliser l'argent gagné par ses subalternes et vivre reclus dans son manoir. Mais il aime bien sortir pour se divertir et aussi former des liens avec d'autres personnes qui, sait-on jamais, pourraient devenir utiles par la suite. Lysandre adore être informé de tout ce qu'il se passe. Pour lui, le savoir et l'information sont deux armes qui, maniés correctement, peuvent être aussi létales que des armes à feu. Il veut tout savoir, sur tout le monde, glanant ça et là tout ce qu'il peut savoir afin de s'en servir un jour, ce qui explique qu'il n'hésite pas aller au contact de la population malgré tout.

En tant qu'humain, Lysandre est toujours poli, courtois voire distingué. Il affiche un air chic, prenant plaisir à charmer, jouant de l'attirance dont jouit sa nature surnaturelle auprès de certains. En fait, ses collaborateurs le qualifient souvent d'excentrique mais de plaisant. Il n'est pas rare de l'entendre blaguer ou badiner l'air de rien. A ce sujet, ceux qui le connaissent dans l'intimité, en tant que vampire, peuvent également témoigner qu'il ne s'agit pas complètement d'un masque : Lysandre reste excentrique et prompt à la plaisanterie en dehors de sa vie publique. Certaines de ses lubies laissent dubitatifs sa famille, comme, par exemple, son besoin de fêter son anniversaire tous les ans. Parfois, il en devient ridicule en exagérant par lui-même son côté pompeux, notamment quand il organise de somptueux bals théâtraux dans son manoir.

Mais ne soyez pas étonnés : en tant qu'esthète, Lysandre se considère comme un homme de goût qui chérit ce qui est beau et, de ce fait, apprécie glorifier dans des soirées organisées par ses soins ce qu'il considère comme tel. Un beau tableau, une belle musique, une belle femme, autant de choses qui attirent son œil averti. C'est la raison pour laquelle il a appris à jouer du piano, du violon, de la flûte - et beaucoup de pipeau, aussi - et qu'il écrit à ses heures perdues ou qu'il va à des défilés de mode. Et aussi parce qu'il se faisait chier, il faut l'avouer. Quand vous êtes coincés chez vous en période de canicule pour tout un été, il faut apprendre à s'occuper. Il est sensible à l'art sous toutes ses formes. En fait, il déteste ceux de sa faction qu'il considère souvent comme de vulgaires êtres dénués de tout raffinement. Bon nombre des serviteurs de Lucifer ne sont que des psychopathes sans intelligence, des fous grossiers et de violents individus. Tout ce dont il a horreur. Par conséquent, il collabore toujours avec ses pairs à reculons et ne se prive pas de snober toute cette masse grouillante tout juste bonne à lui servir le café.

Oui, Lysandre est orgueilleux. Il s'apprécie sur tous les tableaux et apprécie se jeter des fleurs de temps en temps. Il fait d'ailleurs parti de ces gens qui collent leurs initiales sur tout ce qui leur appartient pour marquer leur territoire. Tous les compliments sont bons à prendre, même s'ils ne sont pas sincères. Lysandre n'est pas stupide, il sait très bien que tout flatteur vit au dépend de celui qui l'écoute. Aussi, il prend les compliments sans pour autant leur accorder une valeur déraisonnable ; de toute façon, ils ne font qu'énoncer une vérité qu'il sait déjà, pourquoi porter de l'estime à son interlocuteur qui ne fait que dire des banalités ?  En tant que manipulateur hors pair, le vampire est perspicace ; il sait distinguer ce qui sincère de ce qui ne l'est pas.

Là, on entre dans le vif du sujet. Si Lysandre se rapproche de certaines personnes, c'est bien souvent pour les manipuler par la suite. Comme des pions sur un échiquier, il déplace ses pièces. Il aime fréquenter les personnes utiles, influentes et bien informées dans l'espoir de les utiliser un jour ou l'autre. Il ne veut pas forcément les entuber. Bien souvent, son objectif est de faire agir quelqu'un d'une certaine manière, le fait que la personne en retire quelque chose de négatif ou de positif lui est indifférent. Vous vous doutez que par le fait, Lysandre est profondément hypocrite et n'hésite pas à mentir pour atteindre son but. On ne manipule pas son entourage avec des bons sentiments et de la glace à la vanille, il faut tromper et abuser. La corruption, le chantage ... Toutes ces méthodes ne sont que des outils dont sa conscience s’accommode parfaitement. Le vampire s'arrange souvent avec la vérité pour que son interlocuteur entende ce qui lui plaise. Sa technique favorite est le mensonge par omission : il oublie malencontreusement certaines informations de sorte à distordre la réalité. Comment pourrait-on l'accuser par la suite ? Sa cible n'avait qu'à se montrer diligente et se renseigner par elle-même plutôt que de prendre pour argent comptant toutes ses assertions. Au moins, cette ruse a pour avantage d'éviter que le mensonge soit trop facilement découvert. Il y a toujours moyen de rebondir sur ses pattes quand la cible apprend certaines choses qu'elle n'aurait pas dû, d'autant que sa confiance demeure.

D'ailleurs, Lysandre est comme un chat : il sait retomber sur ses pattes quand on le balance du haut d'un immeuble. Sachez néanmoins qu'il ne vaut mieux pas être celui qui l'a poussé. Le serviteur de Lucifer ne pardonne pas. En tant qu'être immortel, il a tout le temps pour se venger. En la matière, le chasseur sait faire preuve d'une patience exemplaire ; la vengeance est un plat qui se mange surgelé pour lui. Il est capable de préparer une vengeance pendant des siècles, de l’échafauder petit à petit puis, du jour au lendemain, alors que vous pensiez vous être réconcilié avec lui, déclencher le piège. Inutile de préciser qu'à cet instant, les chances de vous tirer d'affaire sont presque nulles, surtout quand vous êtes face à quelqu'un qui a tout planifié de A à Z pour vous faire plonger plus bas que terre, vous arrachant tout ce à quoi vous tenez, détruisant jusqu'à la moindre de parcelle de votre bonheur jusqu'à ce que vous le suppliez de vous achever. Si Lysandre a une qualité, ce serait sûrement sa persévérance une fois qu'il a pour objectif de détruire quelqu'un. En revanche, il peut perdre tout son génie sous le coup de la colère. Le vampire a beau faire preuve d'un sang-froid exemplaire en toute situation, même au bord d'un précipice, il ne sait pas gérer ses colères. Elles explosent violemment de sorte qu'il lui arrive dans ces moments d'agir sans réfléchir avec tous les désavantages que cela procure.  

Lysandre est un personnage secret qui partage rarement ses plans, même avec ses plus proches collaborateurs. Il ne rechigne pas à leur révéler certaines informations capitales mais il prend tout le temps beaucoup de précautions avant de partager son savoir. Il est rare qu'une personne autre que lui-même connaisse l'entièreté de ses desseins. Après tout, on ne met pas tous ses œufs dans le même panier ; Lysandre est bien placé pour savoir qu'on n'est trahi que par ses amis. Ayant fait l'objet à plusieurs reprises de multiples trahison au fil des âges, le vampire a appris à se prémunir des coups de poignard surprise. Méfiant, il ne fait confiance à personne. Lorsqu'il rencontre quelqu'un, il verra toujours son interlocuteur comme une potentielle menace. Les membres de sa famille ne sont en aucun cas ses amis, très peu peuvent se vanter de le connaître réellement derrière son masque public. A vrai dire, au fil des siècles, il n'a transformé lui-même que quelques personnes dont il est proche aujourd'hui. Cependant, il continue à maintenir une distance de sécurité avec eux, sûrement pour ne pas être de nouveau blessé. Evidemment, cette technique n'a pas que des avantages : Lysandre est seul. Il a beau être entouré de sa cour, il est profondément seul, un sujet de raillerie fréquent de ses supérieurs démoniaques et un argument auquel il n'a pas vraiment de réponse.

Forcément, ceux qui connaissent bien Lysandre le qualifieront d'un allié très peu fiable parce que vous ne savez jamais quand il vous parle s'il le fait pour vous utiliser par la suite ou s'il désire juste discuter météo. D'ailleurs, il n'hésiterait pas à sacrifier les membres de son propre clan pour satisfaire ses plans. A regret ou non, là est la question. Parfois, sa conscience enfouie lui souffle qu'il devrait tout arrêter, surtout quand il est en train d'entuber une personne proche. Un soupçon de remords l'envahit brièvement d'user de la confiance que lui accorde les membres de sa cour. Mais il est tellement enfoncé dans ses machinations qu'il n'a de toute façon pas le choix. Il doit le faire, quoiqu'il en coûte. C'est un cercle vicieux dans lequel il est enfermé : à force de trahir pour se prémunir des trahisons, il s'est isolé et a cherché à acquérir de la puissance auprès de Lucifer pour faire face à ses opposants. Or, un serment envers l'archange déchu est éternel. Déplaire à Lucifer aurait des conséquences néfastes ; Lysandre ne veut pas voir ce qu'il a mis tant de temps à construire être balayé d'un revers de la main à cause d'émotions aussi humaines que la pitié ou l'empathie. Il doit être fort et ne jamais hésiter. Une illustration parfaite de ses principes se retrouve dans l'organisation de sa cour. Des règles strictes encadrent les vampires sous sa coupe et il ne tolère aucun manquement, faisant payer de sa vie quiconque y manquerait, peu importe leur rang et le niveau d'affection qui leur porte. Le seigneur est intransigeant envers ceux qui le servent. Il l'est tout autant si ce n'est plus avec lui même.

Lysandre A Fawkes
Lysandre A Fawkes

Qui Suis-je
Race et Caractèristiques:
Pouvoirs et Faiblesses:
Métier et Placement Sociale:
Saigneur
Saigneur
J'ai actuellement : 2689 ans.
Ce que je ne veux pas que vous sachiez : J'ai un dressing à faire pâlir n'importe quelle fashionista. Scandaleux, n'est-ce pas ?
Dans la vie, je suis plutôt : Sanguin. Ahah.
Vous me trouverez : Dans mon manoir.
Fichiers : 15
Sur ED depuis : 02/04/2017
Avatar : Ferid Bathory (Owari no Seraph)
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MessageSujet: Re: Lysandre • Quand on est une pourriture et qu'on le vit bien Lysandre • Quand on est une pourriture et qu'on le vit bien EmptyDim 2 Avr 2017 - 15:28

Suite


Carte d'Identité
Pour aller plus loin
Pouvoirs/Capacités

Immortalité : Lysandre ne vieillit pas et ne peut pas mourir n'importe comment pour la simple et bonne raison qu'il est déjà mort d'une certaine manière. Il ne respire pas. Son cœur ne bat pas et sa peau est froide au touché.
Barricade de l'esprit : Contrairement à d'autres vampires, Lysandre ne peut pas s'insinuer dans l'esprit des autres. Par contre, il a appris à contrer ceux qui usent de cet art. Quand on a une propension aux machinations, il vaut mieux éviter les visiteurs indésirables. De ce fait, l'esprit de Lysandre est parfaitement imperméable aux attaques mentales, à la lecture de ses pensées ou tout autre agression envers son esprit. Toute tentative se heurtera à un mur épais.
Télépathie : Il peut communiquer par pensées exclusivement avec les vampires qu'il a converti lui-même.
Régénération : Les cellules du vampire se régénèrent à une vitesse folle. Une égratignure s'efface à vue d’œil en l'espace de quelques secondes. Si un de ses membres est coupé, il peut le recoller presque instantanément. Il est également insensible aux maladies.
Instinct de chasseur : Le vampire est un prédateur ; ses sens sont légèrement plus affinés que ceux d'un humain. Le sang battant dans les veines, l'odeur de la peur ... Autant de paramètres auxquels Lysandre est particulièrement sensible. Ses crocs rétractables peuvent transpercer la chair, tout comme ses griffes qu'il peut déployer.
Force et agilité surhumaine : Dans certains livres, les vampires sont décrits comme ayant la force de dix hommes. Eh bien, Lysandre n'en est pas loin en tant que vampire que la deuxième génération. Il pourrait arrêter une voiture d'une seule main. De même, sa vitesse de déplacement peut devenir complètement surnaturelle. En un battement de cils, il peut passer de devant vous à derrière vous.
Azoth : Azoth est une rapière finement ouvragée. Au sommet de son pommeau se trouve un aigle dressé dans lequel se trouve une pierre précieuse qui contient un démon, Azoth. En plus d'être une épée de très bonne facture en argent pur, Azoth aspire les particules de magie lorsqu'elle est matérialisée à l'encontre de Lysandre. En effet, les esprits de Lysandre et d'Azoth sont liés de sorte que cette protection ne vaut que pour Lysandre. S'il prête sa rapière à quelqu'un, elle ne sera qu'une lame inanimée. Lysandre doit tenir Azoth pour qu'il mobilise son pouvoir ou, au moins, être à proximité pour qu'une parcelle puisse être mobilisée, un peu comme un paratonnerre. Prenons des exemples concrets. Azoth ne peut pas aspirer de la magie spirituelle, comme les illusions. Par contre, si un pyromancien lui envoie une gerbe de flamme, il suffit qu'elle soit mobilisée par une impulsion magique pour que Azoth aspire la magie qui l'anime. Aussi, si le feu est entièrement d'origine magique, la flamme disparaîtra. Si le feu préexistait et a été animé par la magie, Azoth se contentera de le faire retomber comme un soufflé.


Faiblesses

Les bonnes vieilles méthodes pour se débarrasser d'un vampire fonctionnent à la perfection sur Lysandre. Il convient toutefois de distinguer ici ce qui relève de la vérité et les méthodes qui ne sont que des fictions. D'une manière générale, couper la tête d'un vampire, lui planter un pieu dans le cœur ou, encore, une épée faite en métal pur précieux est un bon moyen de mettre à terme à son immortalité. Les blessures causés par ces moyens mettent d'ailleurs un temps considérable pour se régénérer. Venons-en donc aux méthodes qui blessent un vampire et peuvent l'anéantir avec beaucoup de volonté. L'eau bénite cause des brûlures aux vampires, tout comme les rayons du soleil s'ils y sont exposés. Plus généralement, tout ce qui est saint est un répulsif pour Lysandre. Il ne peut pénétrer une église, ni, plus généralement, dans un lieu béni. De plus, il ne peut pénétrer chez quelqu'un que s'il y a été invité préalablement, expressément ou implicitement.

Ses pouvoirs lui demandent également une consommation de sang humain en quantité. La nourriture humain le dégoûte en vérité. Le plaisir qu'il prend à la déguster est équivalent au fun d'une séance de coloscopie, et, en prime, il n'en retire rien. Seul le sang est susceptible de le rassasier et de lui apporter du pouvoir. Un vampire qui ne consomme pas régulièrement devient une bête sauvage obéissant à son instinct voire peut devenir fou en plus de perdre ses pouvoirs.

Enfin, il est évident que Azoth n'est pas dépourvu de tout inconvénient, bien au contraire. Chaque fois que le démon absorbe de l'énergie magique, il gagne en puissance, devenant de plus en plus instable. S'il devient trop fort, il pourrait démolir les défenses que Lysandre érige autour de son esprit de sorte à prendre possession du corps du vampire. Ou, dans le pire des cas, devenir si puissant qu'il pourrait recouvrer tout son pouvoir et ainsi s'extraire de sa prison de métal. Il faut donc prendre garde à le purger régulièrement de l'énergie accumulée. Puisqu'il existe un lien fort entre le démon et son possesseur, il n'est pas à sens unique. Azoth peut communiquer dans l'esprit de son porteur et, surtout, attendre patiemment qu'une brèche se créée pour en prendre possession. Afin d'accélérer le processus, Azoth n'hésite pas à user du lien pour forcer les défenses de son possesseur à s'abaisser. Il peut par exemple provoquer des phobies passagères, exacerber certains sentiments, fouiner dans la mémoire de son porteur, le priver de sommeil en provoquant des cauchemars ... Azoth adore s'amuser à inventer de nouvelles manières de tourmenter son possesseur. En ce moment, il est dans une période que Lysandre qualifie de « Sept péchés capitaux » ; alternativement, Lysandre se voit affecter un trait en rapport avec cette thématique. Colère et Orgueil sont les pires pour lui étant donné qu'au naturel, il les possède déjà dans sa personnalité. Augmentés de la sorte, ils le poussent à faire des erreurs dont Azoth s'amuse. Inutile de préciser que peu de ses compères osent l'approcher quand il est dans une période Colère ...



Histoire

Contrairement à biens des contes, cette histoire ne terminera pas par une histoire d'amour, mais, au contraire, débutera par la rencontre des deux moitiés. Evidemment, Lysandre n'a pas toujours été un vampire. Comme tous ceux de sa race, il était à la base un être humain. A l'époque, une époque lointaine ont il ne se souvient presque plus, il se nommait Athlios. Il vivait à Sparte et devait, comme tout jeune homme de son âge, faire ses classes pour défendre la cité. Ses parents étaient probablement des commerçants ; ce détail est passé à la trappe après un millénaire d'existence. En plus, dès ses sept ans, il fut séparé d'eux. Placé en collectivité avec d'autres garçons, son éducation martiale fut prise en charge par la cité comme chaque garçon bien portant. Autant dire que ce fut pas la grosse rigolade. Il n'avait rien, et, mieux encore, on l'incitait même à voler pour l'endurcir.

Quoiqu'il en soit un peu avant ses vingt ans, il fut décidé qu'il passerait l'épreuve de la cryptie en compagnie de quelques autres malchanceux. Pour devenir un homme, un véritable soldat, il devait survivre en pleine nature sans rien. Athlios n'était pas débrouillard. C'était un garçon aventureux mais pas téméraire plus doué pour la lecture que pour les prouesses de force. Autant dire qu'il n'était pas très enthousiaste au sujet de l'épreuve qu'il l'attendait. Mais il n'avait pas le choix.

Seul dans la forêt, il n'avait qu'une hâte : terminer cette affaire au plus vite. Malheureusement, il ne savait pas comment terminer cette épreuve. Il fallait survivre. Oui. Mais pendant combien de temps ? Personne ne l'avait précisé.

Errant dans les bois un peu perdu, il arriva dans une clairière éclairée bordée par un ruisseau. Heureux d'avoir trouvé un point d'eau par pur hasard, il s'avança sur quelques mètres avant de se stopper net. Une jeune femme se trouvait au beau milieu. C'était la femme la plus belle qu'il n'avait jamais vu. Bon, en vérité, il n'en avait pas vu beaucoup sa jeunesse, étant élevé exclusivement qu'avec les autres garçons ...  Quoi qu'il en soit, elle possédait quelque chose de surnaturellement attirant. Chaque défaut physique que certains auraient pu trouver grossiers étaient des qualités pour le jeune homme. Sa peau avait beau être d'une pâleur maladive, elle faisait ressortir ses cheveux de jais cascadant jusqu'à ses reins. Ses yeux avaient beau briller d'une étrange lueur rouge, leur singularité ne faisait qu'accroître le magnétisme qu'ils exerçaient.

Bref, le coup de foudre ou, au moins, le coup de cœur.

La jeune femme se retourna et, en un éclair, plaqua Athlios contre un tronc d'arbre. Le spartiate était tellement abasourdi qu'il ne l'avait même pas vu bouger. Il voulait dire quelque chose mais son cerveau semblait avoir décidé momentanément de faire une sieste. Lorsque les premières pensées cohérentes se formèrent dans son esprit, sa gorge sèche prit le relais.

« Alors, on a perdu sa langue ? »
« Dé.. Désolé madame la nymphe, je ne voulais pas ... je ne voulais pas vous déranger. Mais vous êtes si belle ... Enfin, non, ce n'est pas ce que je voulais dire ... Enfin, si, vous êtes belle mais ... »

La jeune femme explosa rire devant Athlios qui peinait à former ses phrases et qui, lorsqu'il y parvenait, ne faisait que s'enterrer davantage. Son rire était le son le plus mélodieux qui lui avait été donné d'entendre. Elle desserra son étreinte, le laissant respirer plus facilement. Il n'avait même pas remarqué qu'elle l'avait empoigné avec autant de force. Pour lui, il en était persuadé : il avait en face de lui une nymphe, comme dans les légendes. Il est vrai qu'il se les était toujours représenté moins humaines. La vision qu'il en avait désormais ne décevait en rien ses attentes. La jeune femme le considéra longuement. Il faut dire qu'il ne devait pas avoir fier allure, sale, dans le seul manteau qu'on lui offrait chaque année et pieds nus. Il avait tout du petit oiseau tombé du nid malgré son âge plutôt que du fier guerrier.

« C'est une biche ? » finit-il par tenter en contemplant le cadavre de l'animal derrière l'étrangère. Il n'avait pas mangé depuis deux jours et la tête lui tournait. En fait, il commençait à se demander si cette apparition n'était pas le fruit de son esprit fatigué.

« Tu ne perds pas le sens des priorités. »
« Il faut ce qu'il faut. On ne mange pas les belles. femmes »

Elle rit de nouveau et il fut fier de parvenir à l'amuser, même si pour le coup, il était sérieux. Elle l'invita à s'approcher de la bête. Le fait qu'une nymphe fut capable de chasser alors qu'elle était censée protéger la nature ne l'intrigua qu'à moitié, trop content d'avoir trouvé de quoi se sustenter.

Cette rencontre marqua la mort d’Athlios. La femme, nommée Moïra, trouvait Athlios de bonne compagnie, aussi étonnant que cela puisse paraître. Il y a certaines attractions qui ne s'expliquent pas. Elle le trouvait malingre, faible, mais il était doté d'un esprit vif et d'une perspicacité qui ne cessait de l'étonner. Son éducation culturel avait beau être sommaire, il avait un certain charisme sous cette couche de poussière et de sueur doublé d'une candeur touchante. Etant donné que les consignes d’Athlios était de survivre et qu'on ne lui avait jamais précisé qu'il devait passer son temps tout seul en mouvement, il décida de rester avec cette femme. A vrai dire, il ne la quitta jamais.

Trois-cents ans plus tard, Athlios était toujours au côté de Moïra. Quelques différences notables étaient cependant à souligner. La plus importante était sûrement l'humanité qui lui faisait défaut désormais. Dès qu'il l'avait aperçue, il avait su que Moïra n'était pas humaine. Certaines mauvaises langues affirmeront que c'était l'amour qui avait distordu sa façon de voir les choses. Ils n'auront pas parfaitement tord, il faut l'admettre. Mais il y avait également quelque chose de surnaturel dans sa beauté, ce je-ne-sais quoi qui l'avait attiré. Dans cette forêt, plus d'une fois Moïra était partie en le laissant durant la nuit de sorte que chaque matin, constatant son absence, la déception le poussait à croire qu'il l'avait rêvée. Mais elle revenait toujours, faisant preuve de plus en plus de curiosité à l'égard du jeune homme. Par contre, quand il posait des questions à son sujet, elle trouvait toujours un moyen de l'esquiver. Il adorait ce petit jeu, tentant de la coincer pour en découvrir plus sur elle. Il ne comptait pas les heures qu'ils avaient passé ensemble, simplement à discuter.

Athlios ne sut jamais comment il en était venu à la suivre, à tout plaquer pour elle, surtout quand il la vit pour la première fois sous son vrai jour. Ils étaient ensemble sur les routes. La consigne était simple : il n'avait pas le droit de la suivre le soir venu. Autant dire qu'à peine la règle fut-elle énoncée, à peine Athlios cherchait déjà une trentaine de moyens de la contourner, intrigué. Il usa de la ruse la plus vieille du monde : il fit semblant de dormir et la prit sur le fait quand elle rentra. Des crocs gigantesques, couverte de sang, monstrueuse.  Et pourtant si attirante. Elle lui demanda s'il avait peur, il lui répondit que non. C'est là qu'ils surent qu'ils s'étaient trouvés.

Moïra n'accepta de le transformer en vampire qu'aux alentours de ses vingt-six ans, le temps de se remplumer et d'avoir un physique qui lui conviendrait pour l'éternité. Il ne lui serait pas venu à l'esprit de partir avant de toute façon ; elle avait été claire dès le départ : maintenant qu'il savait, soit il l'acceptait, soit il mourait. Il préféra la première option, bien moins préjudiciable pour lui que la seconde. Elle le présenta à sa famille. Moïra était en vérité à la tête de sa propre famille vampirique, certains murmuraient même qu'elle appartenait à la première génération. Elle était rarement parmi eux cependant, préférant se mêler aux humains.

La famille Ménis avait pour particularité d'être une branche pacifique de la hiérarchie vampirique. Les membres ne se nourrissaient que de sang animal pour éviter d'être chassés par les humains. De plus, personne n'avait le droit de prélever le précieux liquide sur l'animal directement parce qu'ils n'étaient pas des bêtes sauvages. Quiconque dérogeait à cette règle le payait de sa vie ; pour les Ménis, la discrétion était de mise. Moïra ne plaisantait pas avec les règles ; peut-être avait-elle inspiré notre futur génie du mal plus qu'il ne le pensait. Contrairement à d'autres branches, elle prônait l'harmonie avec l'humanité pour la simple et bonne raison qu'ils en avaient tous fait partie à un moment de leur histoire. Athlios trouvait cette façon de voir les choses très intéressante même si cet objectif lui paraissait très idéalisé. Très ouvert d'esprit, il n'avait pas été répugné au contact de ces êtres monstrueux. Il doutait que tous les humains partagent sa vision s'ils découvraient ces créatures nocturnes immortelles aux pouvoirs terrifiants.

Le jour de sa transformation vint enfin et s'il devait le résumer en un mot, ce serait probablement douleur. Athlios ne connut rien que plus douloureux ni de plus pénible que le processus de transformation. Dans l'intimité, Moïra s'était fait une entaille sur le bras suffisamment profonde pour que le sang en dégouline et qu'elle ne se referme pas immédiatement. Athlios y posa ses lèvres et, en l'espace de quelques secondes, se laissa tomber au sol comme une pierre en se tortillant de douleur. Moïra s'assit en tailleur à ses côtés. Pendant tout le temps de cette séance de torture qui dura des heures, elle lui caressa les cheveux en lui murmurant encouragements et mots doux. Honnêtement, elle aurait pu se les carrer dans le cul. Aucun mot, aussi bienveillant soit-il, n'aurait pu apaiser la souffrance d’Athlios. C'était comme si un poison corrosif parcourait ses veines à une lenteur désespérée, rongeant chacun de ses organes. Il brûlait de l'intérieur. Ses cris résonnèrent durant toute une journée dans la demeure, un grand temple réputé comme lieu saint pour éviter les curieux. D'ailleurs, ses cordes vocales finirent par lâcher, tout simplement. C'est à cet instant qu'il périt. Son cœur s'arrêta de battre définitivement. Nul besoin d'aller chercher votre boîte de mouchoirs ; une fraction de secondes plus tard, il ouvrit les yeux. Moïra laisse échapper un petit Ah ! de satisfaction, l'inquiétude qu'il ne se réveille jamais passée. Il ne lui laissa pas l'occasion de fermer la bouche et l'embrassa.

Athlios s'acclimata parfaitement à sa nouvelle condition. Les arrivées dans les rangs étaient si rares qu'on célébra la sienne durant toute une semaine dans la débauche la plus complète. Il s'investit ensuite pleinement dans les affaires de Moïra, la remplaçant petit à petit lorsque l'espiègle demoiselle éprouvait le besoin d'aller vagabonder sur les terres grecques. Au fond, le petit nouveau avait le sentiment d'œuvrer pour le bien, comme s'il faisait parti de la faction des gentils vampires. Trois siècles plus tard, il rencontra d'autres dignitaires d'autres factions et il commença à douter du bien fondé de la quête des Ménis. Entre temps, il était devenu l'époux de Moïra. Pour autant celle-ci était toujours aussi secrète quant à son passé. Jamais elle ne voulut évoquer les conditions de sa transformation et, s'il gérait ses affaires, il n'avait pas accès tous les documents. Ce manque d'information lui pesait mais il finissait toujours par lui pardonner. Ses doutes se ravivèrent lorsqu'un congrès entre les différentes familles fut organisé.

Histoire de jouer sur les clichés, cette grande réunion avait lieu dans ce qui serait plus tard la Roumanie. Athlios se rappellerait toujours de son arrivée dans le hall en compagnie de Moïra. Sur leur trente-et-un, ils s'étaient avancés main dans la main sous le regard inquisiteur de chaque vampire présent. L'ambiance était lourde en dépit du sourire de circonstance que chacun s'efforçait d'afficher. Immédiatement, il apparut à Athlios que cette réunion n'avait rien à voir avec un repas de famille. En fin de soirée, après un bal démesuré, Moïra s'éclipsa avec ses pairs pour discuter. Il remarqua rapidement que les clans ne se mélangeaient pas. Chacun jaugeait son voisin dans une ambiance d'hypocrisie pure. Moïra lui avait expliqué que les points de vue des différentes familles divergeaient souvent au sujet de tout et n'importe quoi ; les tensions étaient nombreuses. Pour certains, les chasseurs, les vampires devaient prendre leur place au sommet de la chaîne alimentaire en s'imposant à l'Humanité. Les autres, plus tempérés, se souvenaient encore de leurs années humaines et prônaient un statu quo. On soufflait d'ailleurs que certains vampires commençaient à se rapprocher de Lucifer dans l'espoir d'obtenir un pouvoir interdit.

Ceux-ci avaient toutefois l'intelligence d'agir dans l'ombre de sorte que, si des soupçons pesaient sur le plus extrémiste d'entre eux, personne n'avait trouvé de preuves pour le faire sombrer. Après tout, des années auparavant, les familles s'étaient réunies de la même manière et avaient décidé de passer un pacte de non-agression entre elles. Le traître violait fréquemment l'accord ; certains membres d'une famille rivale avaient disparu sans laisser de trace. Mais rien ne permettait d'accuser avec force leur ennemi pour le punir comme il se devait. Tout ce qu’Athlios savait se résumait à l'inimitié qu'entretenait Moïra avec le concerné, un certain Gilbert. A vrai dire, c'était la seule chose dont il avait besoin pour décider que lui non plus ne l'aimait pas.

La soirée fut plaisante à l'instar de la semaine qui suivit parmi les siens. Par la suite, les Ménis décidèrent de s'installer en Europe, en Espagne. Pendant quelques mois, Athlios continua à vivre son idylle avec Moïra jusqu'à une journée qui bouleversa son paradis.

C'était le petit matin. Athlios était dans son lit à tourner. Son cerveau avait décidé de se poser de grandes questions philosophiques sans intérêt de sorte qu'il ne parvenait pas à trouver le sommeil. Moïra n'était pas encore arrivée. Lorsqu'il entendit la porte craquer, une lueur d'espoir s'alluma dans le cœur de l'amoureux transi. Il se redressa d'un bond pour découvrir Phylaka, une autre vampire appartenant à sa famille. Il n'eut guère le temps de lui demander ce qu'elle faisait là que l'intruse lui sauta dessus. S'en suivit une lutte acharnée entre les deux vampires.

Athlios n'était qu'un jeune vampire, il ne possédait pas encore toute sa force. Son adversaire le plaqua impitoyablement sur le lit avec une certaine facilité. Peut-être n'était-il pas très fort mais, par rapport aux autres, il avait reçu un entraînement martial on ne peut plus strict. Il mit un violent coup de boule à Phylaka. Son assaillante fut surprise, son étreinte se relâcha ; Athlios en profita pour la faire basculer. Ensemble, ils chutèrent du lit avant de nouveau de se livrer à une lutte sans merci. Une fois de plus, Athlios finit en dessous. Être dominé n'était pas son habitude dans ce genre de rapport. Avec sa jambe, il frappa dans la commode qui s'effondra sur eux. La manœuvre lui permit de se dégager juste au moment où elle allait lui arracher la tête. Il espérait également que le bruit provoqué allait appâter des curieux.

« On fait une petite pause pour en discuter calmement ? »

Il arracha un morceau grossier de la commode tandis que son assaillante perdait de précieuses secondes, emmêlée dans les vêtements désormais éparpillés. Jusqu'à présent, il avait été réglo. Maintenant, la situation commençait à l'agacer. Quand elle revint à la charge, il utilisa son pieu comme une lance lors de ses jeunes années. Il dévia une main griffue puis feinta à droite. Comme il l'avait prévu, son adversaire ne connaissait pas les parades adéquates face à un adversaire armé. Sa garde s'ouvrit en offrant au soldat une ouverture qu'il aurait été scandaleux d'ignorer. Il planta son pieu en plein dans le cœur. La femme grogna puis s'immobilisa après quelques tressaillements. Normalement, elle avait eu son compte.

Athlios soupira de contentement avant de se frayer un chemin à travers les débris. Autant dire que leur danse endiablé avait foutu un joyeux bordel. Son regard fut attiré par un objet brillant au sol. Curieux, il le ramassa. On aurait dit une chevalière du style de celles qu'ils utilisaient pour se protéger des rayons du soleil. En revanche, le blason dessus ne lui disait rien. La perplexité le saisit ; un tel objet en ces lieux alors que son agresseur appartenait à sa propre famille, voilà qui était quelque chose de très étrange. Il sortit de la pièce ravagé.

« Hé oh, il y a quelqu'un ? Phylaka a pété les plombs. »

Après quelques pas dans le couloirs, il tomba sur Moïra encadrée de deux autres vampires.

« Moïra, je crois qu'on a un problème. »
« Exactement. » Elle lui tourna le dos. Athlios commençait à se dire que son attitude était trop froide pour quelqu'un dont l'époux venait d'être agressé. « Saisissez-vous de lui. »

Là, Athlios en fut tellement soufflé qu'il en perdit sa répartie. Il ouvrit la bouche en grand, balbutia quelque chose, et, avant de réussir à comprendre ce qu'il se passait, fut saisit par les deux vampires.

« Athlios, tu es accusé de meurtre envers un membre de ta famille. Tu seras jugé demain soir, le temps que nous tirions la vérité sur toute cette histoire. »
« Pardon ? Elle m'a agressé Moïra ! Elle s'est jeté sur moi ! Je ... Non ! Moïra ! Moïra ! »

Ses supplications n'étaient plus que des cris lointains pour son épouse qui s'éloignait petit à petit. Athlios aurait pu se débattre pour la forme. Cette idée ne lui effleura même pas l'esprit pendant qu'on le traînait : il était abasourdi. Comment sa propre femme pouvait-elle faire preuve d'un tel désintérêt ? Pire encore, comment pouvait-elle ne pas le croire ? Il n'en revenait pas. Hébété, on le jeta sans cérémonie dans un cagibi à part. Ses deux geôliers se postèrent à l'entrée histoire de le dissuader de tenter quelque chose de stupide. Précaution inutile ; Athlios état trop choqué pour tenter quoi que ce soit. Après de longues heures passées dans le noir à se rejouer les événements en boucle, il en déduisit que Moïra avait simplement voulu affirmer sa position dominante. En tant que chef, elle ne pouvait pas permettre de montrer de la faiblesse. Si elle avait décidé de le croire sur parole, les autres membres auraient pu douter de son impartialité. Non, elle avait fait le bon choix. Son enquête prouverait rapidement qu'il était en réalité la victime. Tout redeviendrait comme avant. Il avait tord.

Le lendemain soir, ce qui se joua devant lui ressemblait en tout point à une parodie de procès. Aujourd'hui, quand il repense à cette soirée, la scène le fait beaucoup rire par son ironie et son ridicule. Les membres de sa famille se dressaient tous devant lui avec un air grave. Au centre se trouvait Moïra, toujours aussi belle qu'à son habitude, impériale. Elle énonça les faits avec froideur ainsi que les éléments que l'enquête avait révélés. Un tissu de mensonges éhontés renforcé par des témoignages tous plus comiques les uns que les autres. Athlios était au centre de la pièce, maintenu fermement à genoux sur le marbre. Il ne comprenait rien de ce qui se jouait autour de lui. Il était trop désabusé pour éprouver de la colère. Plus les éléments s'accumulaient, plus il savait que la fin était inéluctable, quoiqu'il fasse. Pour la forme, on lui laissa tout de même exposer sa version. Elle fut ensuite démontée point par point. Qu'y pouvait-il ? Il était seul contre une assemblée hostile ; il aurait pu leur expliquer que un plus un faisait deux, tous se seraient accordés pour le contredire. Dans cette comédie, rien ne pourrait le sortir d'affaire. Il encaissa vaillamment toutes les absurdités, tous les mensonges, tous les coups bas dans l'incompréhension la plus complète. Il n'avait jamais cherché les ennuies à qui que ce soit. Pourtant, en ce jour, il avait le sentiment d'avoir été la pire enflure que cette Terre avait porté, un vil manipulateur prompt à la trahison, un monstre sans cœur. Mais ce ne furent pas les mots qui le blessèrent le plus.

« Athlios, au vu des éléments qui nous ont été rapportés, tu es coupable de meurtre envers un membre de notre famille. Les règles sont claires à ce sujet. Tu as beau être mon époux, ta position ne t'accorde aucun privilège. Je te bannis Athlios. Tu es désormais seul et aucun vampire noble ne se préoccupera de ton sort. Tu perds ton titre, ton rang, le soutien de ta famille. »
« Le soutien de ma famille ? cracha-t-il avec dédain. Voilà où il m'a conduit, ce soutien ! Je vous maudis tous autant que vous êtes, vous et vos complots. Tu fais une erreur Moïra, une grave erreur. »

Les vampires s'approchèrent de lui pour lui retirer sa chevalière enchantée aux armoiries des Ménis. Sans les attendre, il l'arracha de son index puis la jeta violemment sur le sol. Elle rebondit sur le marbre dans une silence de mort.

« Reprends-ton ton cadeau empoisonné. J'espère que tu trouveras un autre crétin à sacrifier à ta gloire. »

Moïra ne répondit rien. Elle se contenta de lui sourire en gardant un air froid. Ce regard brisa le cœur plus que tout le procès en lui-même. La foule de vampires se pressa autour de lui, une foule compacte qui le poussait irrémédiablement vers la grande porte d'entrée. Sous l'interstice, Athlios voyait les rayons du soleil nocifs qui l'attendaient. Quelle hypocrisie ! On atteignait le sommet ! On ne l'exécutait pas, non, on préférait le lâcher en plein jour pour qu'il se consume à petit feu. Toute voie de retrait était coupée par ses ennemis. Il n'avait pas le choix de tout façon. Avec colère, il se dirigea vers la porte qu'il ouvrit au vol. Les rayons du Soleil le brûlèrent. Aucune brûlure ne l'atteindrait davantage que le regard de Moïra de toute façon.

Si ce constat dégoulinait de poésie, il n’en demeure pas moins que le vampire exposé éprouva une douleur inhumaine au contact de la vile lumière. Il détalla si rapidement à travers la campagne qu’il se fichait bien qu’un observateur humain trouve sa conduite étrange. Finalement, au terme d’une recherche qui lui sembla interminable, le grand brûlé trouva une petite maison sur le bord du chemin. Inutile de préciser que le fait qu’elle soit habitée lui était complètement indifférent. A l’extérieur, un homme était en train de couper du bois. Il n’eut guère le temps de comprendre ce qui lui arrivait que Athlios fondit sur lui comme un oiseau de proie. La dernière chose que vit le propriétaire fut une masse à demie brûlée folle de rage se jeter sur lui avec une sauvagerie sans nom. Le vampire éventra l’importun qui se dressait sur son chemin dans sa quête d’un abri. Il en fit de même avec la mère de famille qui sortit suite au cri de son mari ainsi que de leur quatre enfants qui arrivèrent au compte gouttes. C’était la première fois qu’Athlios goûtait au sang humain, ce qui d’ailleurs lui permit de tolérer durant un laps de temps plus important la brûlure du Soleil. Ce massacre n’affecta en rien sa conscience sur le coup, consumé par la douleur qui l’occupait. Puisque le bien n’avait désormais plus de propriétaire et qu’il pouvait y entrer sans y être invité, Athlios pénétra dans la demeure et se roula en boule dans un coin sombre. Il y resta tapis, immobile, durant plusieurs jours entiers dans un silence de mort.

Une idée qui aurait pu lui éviter des souffrances inutiles lui vint soudain. Il tâtonna dans sa poche puis sortit la chevalière inconnue. Après l’avoir examinée sous toutes ses coutures, il l’enfila avec un soulagement non feint. Il ne manqua pas de s’insulter copieusement pour son manque de sang-froid à l’extérieur ; s’il avait tout de suite pensé à la bague, son état ne serait pas aussi déplorable. Il lui suffisait de regarder ses mains pour voir des grandes brûlures qui peinaient cicatriser comme si ses cellules d’ordinaire si réactives luttaient de toutes leurs forces contre un ennemi insidieux. Athlios ne doutait pas qu’elle parviendrait à triompher avec le temps. Pour l’heure, son apparence physique était la dernière de sa préoccupation. Il songeait aux événements, à ce qui avait dysfonctionné. Tout tournait en boucle dans sa tête, encore et encore, de sorte qu’il parvint de plus en plus à rassembler les pièces du puzzle.

Moïra l’avait trahi, c’était un fait. La question était de savoir à partir de quand. S’était-elle servie de lui depuis le départ ? Pour un vampire, le temps ne signifiait rien, il ne serait pas étonnant qu’elle ait eut l’objectif de l’utiliser depuis le jour de leur rencontre. Il lui restait à déterminer pourquoi avait-il été sacrifié. Rapidement, il échafauda une théorie : le plan, quel qu’il fusse, ne s’était pas déroulé comme prévu. Il n’aurait pas dû survivre à l’attaque de Phylaka. D’une manière ou d’une autre, Moïra aurait pu utiliser son meurtre. Quand il contempla la chevalière, il comprit grossièrement l’objectif de son ex-femme : faire accuser les Rosan, la famille rivale. Athlios ne savait pas comment elle avait réussi à se procurer la bague, ni jusqu’où s’étendait la mascarade. Toutefois, il lui apparut que son assassinat aurait été un motif parfait pour Moïra pour s’en prendre aux Rosan. Qui aurait pu l’accuser d’avoir monté un coup pour tuer son propre mari qu’elle aimait tant ? Il n’avait été qu’un outil dans ce complot, outil qui, malheureusement, avait échappé aux mains de son utilisateur par mégarde. Moïra l’avait sous-estimé.

Plus il l’analysait, plus Athlios commençait à haïr Moïra. Tout son amour se muait petit à petit en une haine profonde de cette vile manipulatrice au point qu’il ne désirait plus qu’une chose désormais : sa ruine. Elle s’était servie de lui, lui qui l’avait toujours soutenue. Tout ce qu'il lui avait donné, tout ce qu’il avait fait pour elle, elle s’était fichue de lui. Fort de ce constat, Athlios se mit à rire, un rire incontrôlable, presque dément. Qu’il avait été stupide ! Mais on ne l’y reprendrait plus désormais. Moïra avait commis l’erreur de le sous-estimer en pensant qu’il n’était pas dangereux. Il allait lui faire regretter cette grossière erreur en la détruisant. Que disait-on déjà ? Ah oui, que l’ennemi de mon ennemi est un allié. Il se trouve qu’il connaissait justement qui serait enthousiaste à l’idée de l’aider de sa quête. Et puisque visiblement, le monde se résumait à utiliser ou être utilisé, il comptait bien cette fois-ci migrer dans la première catégorie.

Après des recherches intensives, Athlios retrouva la trace de la famille Rosan des mois plus tard. Il se présenta à la porte de leur demeure du jour au lendemain, frappant nonchalamment.  Un petit homme vint lui ouvrir, particulièrement soupçonneux. Ses suspicions se renforcèrent lorsque Athlios agita sous son nez la chevalière avec un sourire en coin. Le petit homme parut très surpris puis, finalement, devant les quelques éléments exposés avec soin par le paria, il le laissa entrer tandis qu’il allait quérir l’avis du seigneur des lieux. Après une attente substantielle, Athlios fut invité à rencontrer Gilbert Rosan en tête à tête, dans son cabinet. Quand il pénétra dans la pièce en question, ce fut à son tour d’être étonné par la présence d’un autre homme plutôt musclé qui ne semblait pas être un vampire en compagnie du maître des lieux. Ce dernier refoula difficilement un petit rire amusé lorsqu’il vit Athlios arriver. Il faut dire qu’en dépit du temps écoulé, celui-ci conservait son apparence déplorable dût à sa mauvaise expérience avec un certain astre. Malgré tout, il ne s’en formalisa pas. Il se contenta de lancer la chevalière à Gilbert qui l’attrapa en plein vol.

« Il me semble que cela vous appartient. »
« Effectivement. Mais je suppose que tu n’es pas ici pour me rendre ce qui m’appartient, n’est-ce pas ? »
« Vous supposez bien. Je viens vous demander quelque chose. »
« Je ne suis pas sûr que tu sois vraiment en position pour, mais soit, fais-moi rire. »
« Je veux détruire les Ménis, jusqu’au dernier. »

Gilbert se redressa sur sa chaise, visiblement très étonné.

« Pardon ? »
« Vous m’avez bien entendu, je veux que vous m’aidiez à éradiquer chaque membre de la famille Ménis, Moïra y compris. »
« Je suis sûr que tu as une histoire passionnante à nous raconter. Si tu veux bien t’asseoir. »

Gilbert lui présenta le siège d’en face. A cet instant, Athlios sut qu’il avait en partie gagné ; il avait piqué au vif l’intérêt du dirigeant. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à faire croire qu’il pouvait lui être utile. Le vampire raconta son histoire faisant face à une expression indéchiffrable de la part de Gilbert qui lui réclamait de temps à autres des détails précis pour s’assurer qu’on ne lui racontait pas des salades. L’autre homme se contentait de petits commentaires sarcastiques qui agaçaient fortement le maître des lieux. Athlios mit en avant son lien étroit avec Moïra afin de faire comprendre que malgré tout, il la connaissait bien, attisant ainsi l’intérêt de Gilbert. Lorsqu’il narra la nuit qui avait conduit à son bannissement, Gilbert se montra pensif.

« Nul doute, au vu des éléments, qu’elle comptait me faire plonger, finit-il par conclure, songeur. Mais deux questions me viennent à l’esprit : comment a-t-elle réussi à obtenir une chevalière, authentique qui plus est, et, surtout, comment comptait-elle me relier à ta mort d’une façon plus convaincante … Cette étape ne devait être que la première d’une machination plus vaste. En tout cas, tu as su ruiner ses desseins, même si ce n’était pas volontaire. Et pour ça, je te félicite. Si tu veux effectivement obtenir ta vengeance, je suis peut-être en mesure de t’aider. Moïra est une épine dans mon pied depuis trop longtemps et tu connais des choses sur elle qui pourraient m’être utiles. Comment t’appelles-tu ? »
« Athlios. »
« Un nom qui sonne un peu trop grec pour l’endroit où nous nous trouvons. Tu t’appelles désormais Kelem. Kelem Rosan. Tu peux maintenant disposer, je dois m’entretenir avec mon collaborateur, je te ferais mander plus tard. »
« Oooh, maintenant je suis ton collaborateur. »

Gilbert ignora superbement la remarque et se contenta de pousser la chevalière en direction d’Athlios. Il s’en saisit avec un sourire de victoire puis se dirigea vers la sortie.

« Une dernière chose Kelem. Si tu es la prochaine étape du plan de Moïra, je le saurais. N’espère pas jouer avec moi, je n’ai aucune patience en la matière. »
« Rassurez-vous seigneur, vous ne trouverez pas plus dévoué si vous contribuez effectivement à ma vengeance. »

Son sourire s’élargit avant de quitter la salle.

L'arrivée de Kelem provoqua des tensions chez les autres vampires qui se montraient méfiants, peu accoutumés à accueillir des nouveaux venus. D'autant que Kelem ne tarda pas à se rapprocher de Gilbert, s'attirant par la même occasion la jalousie de bon nombre de ses confrères. Leur inimitié lui importait peu ; tout ce qu'il désirait ardemment, c'était sa vengeance, quelqu'en soit le prix. Et puis, au fil du temps, les autres en vinrent à oublier son arrivée.

Etant utile à Gilbert, ce dernier consentit à le prendre sous son aile. Il faut dire que Kelem était une source d'informations intarissables au sujet des Ménis et de Moïra. Il ne savait certes pas tout, mais Gilbert parvenait à analyser avec précision chaque détail de sorte à l'interpréter. A son contact, Kelem commença peu à peu à changer. Avec un maître aussi doué dans la manipulation et dans le secret, il ne pouvait que s'en inspirer. Bien évidemment, le processus ne fut pas aussi rapide que ces lignes laissent à penser. Leur collaboration s'étira sur de très nombreuses années. Gilbert ne consentit à lui accorder une parcelle de confiance qu'aux alentours de deux siècles de cohabitation après que Kelem ait réussi à accomplir différents tests anodins pour le compte du seigneur. En plaisantant, beaucoup commencèrent d'ailleurs à surnommé Kelem le toutou de Gilbert, surnom diffusé en grande partie grâce à l'intervention d'Andras. Andras était l'ombre de Gilbert, le jeune homme avenant que Kelem avait rencontré lors de son premier entretien avec le seigneur. En vérité, Andras était un démon à la grande gueule au service de Lucifer. Les rumeurs au sujet de Gilbert étaient fondées ; il avait bel et bien proposé son assistance au Seigneur des Enfers.

La raison de la présence d'Andras ne parut jamais aux yeux de Kelem. Gilbert était discret dans tout ce qui touchait à son affiliation avec Lucifer au point qu'il ne sut jamais la raison pour laquelle le maître de maison avait choisi de s'aliéner au prince démoniaque. Au moins, Kelem admirait sa capacité à supporter Andras dont la spécialité résidait surtout à foutre la merde entre les membres de la famille.  Pour autant, il serait fou de se dresser contre le démon. Ses pouvoirs étaient colossaux. Une fois, au cours du Moyen-Âge, il était intervenu pour enterrer une bavure dans un village face à un ange particulièrement zélé ... Inutile de chercher des traces de témoins. Ni du village.

Dans cette joyeuse ambiance, Kelem débuta sa longue liste d'exploits à l'encontre de l'humanité. Sur les conseils de Gilbert, il parvint à monter une famille contre les Ménis, les poussant à s'entretuer. Sur les sept membres à éliminer, Kelem en vit deux tomber en poussière avec une joie extatique tandis qu'il contemplait la scène au loin. Durant le Moyen-Âge, en restant dans l'ombre, ils parvinrent à attirer l'attention de l'Eglise sur la tranquille petite famille qui se voulait si pacifique. La jubilation qu'il en retira lorsqu'il assista dans le public au bûcher d'un jeune homme qui se voulait autrefois son ami fut presque indécente. Tous ceux qui affirmaient que la vengeance était vide de sens et qu'on n'y gagnait rien mentaient. Au bout d'un moment, il s'attira même les compliments de Gilbert lorsqu'il manipula habilement une meute de lycans pour qu'elle s'en prenne à une village précis. Gilbert voulait chercher quelque chose dans ledit village tout en évitant lui-même de supprimer toute la population ... Kelem avait fait le ménage avec brio.

Leur entreprise florissante se développa jusqu'à la Renaissance où ils s'établirent à Florence.  Ils essuyèrent quelques revers, ou, entre autre, Kelem dut s'évader d'un cachot moisi, manqua de finir au bûcher à son tour et déjoua une tentative d'assassinat à l'encontre de Gilbert. Rien de bien décisif en somme. A cette époque, Kelem s'initia aux arts et à la culture en même temps que le monde entier.

Au début des années de 1520, Andras vint le trouver pour lui parler d'une drôle d'opportunité. En Suisse, la rumeur voulait qu'un certain Paracelse, médecin, alchimiste et philosophe à ses heures perdues, avait réussi à enfermer un confrère démon dans une épée. Puisque l'information venait d'Andras, spécialiste pour semer la merde, Kelem considéra d'abord l'opportunité avec mépris.

Et puis, Andras lui vanta les mérites de posséder une telle arme, en véritable tentateur. Si cette lame existait vraiment et qu'elle contenait un démon en son sein, ses pouvoirs devaient être exceptionnels. Moïra était une vampire de la première génération, nul doute qu'en l'espace de tous ces siècles, ses pouvoirs avaient été décuplés. Il fallait à Kelem de quoi rétablir l'équilibre entre les deux puissances. A grand renfort de suggestions, le démon commençait petit à petit à convaincre le vampire de se lancer dans la quête au détriment du bon sens, usant de tout le talent de séducteur que sa condition lui conférait. Kelem se laissa tenter par l'opportunité bien qu'il lui apparut rapidement qu'Andras cherchait à le duper, d'une manière ou d'une autre. Il choisit toutefois de jouer le jeu momentanément ; si le démon disait vrai, il serait scandaleux de renoncer à cette lame bénie par crainte d'un retour de flammes.

Aussi, le vampire partit en Suisse à la recherche de cette fameuse épée en compagnie d'Andras. Autant dire qu'il n'était pas ravi d'être accompagné par l'insupportable démon mais Andras savait se montrer utile, notamment à cause de sa connaissance du collègue soit-disant prisonnier. Gilbert ne chercha pas vraiment à comprendre ce qui poussait le duo improbable à s'éclipser. Il n'objecta pas, leur accordant un délai pour mener leur quête du moment que ce dont ils en retireraient serait utile.

« Qui est ce charmant ami à qui tu veux venir en aide ? »
« Azoth. Il est du genre grande gueule et son humour est mauvais mais on ne peut pas laisser les humains se livrer à des expériences de la sorte. Hmm, si, on peut en fait. Mais on ne peut pas les laisser réussir. Si tout le monde se mettait à enfermer des démons dans des épées, ça deviendrait ... Gênant. »
« Gênant, oui, c'est le mot. Eh bien, allons arracher son arme à un pauvre humain. Ce ne devrait pas être trop compliqué. »

Et en effet, ce ne fut pas difficile. Quand leur équipe arriva sur place après une longue chevauchée où Kelem se retint dix fois d'étrangler Andras, il leur suffit de demander au premier pékin croisé où se trouvait Paracelse pour que, à leur grand étonnement, ce dernier leur indique la maison de l'alchimiste. Vu comme un original, il était connu comme le loup blanc. En vérité, il effrayait les gens, certains l'accusaient même d'être affilié avec le diable. Kelem avait dû donner des coups de coude à Andras pour ne pas qu'il éclate de rire.

Le duo de choc se stoppa devant la porte d'une modeste maison. Ils eurent beau frapper, personne ne vint leur ouvrir. Kelem grogna de frustration ; si on ne l'invitait pas, il ne pouvait pas entrer. Andras enfonça la porte sans aucune discrétion puis pénétra à l'intérieur en ricanant. Quelques minutes plus tard, il revint puis fit un signe de la main à son acolyte. Le vampire fut dans un premier temps perplexe. Son bras passa la porte avec prudence suivi de près par le reste de son corps. Rien. Pas de champ de force invisible, pas de brûlure.

« On dirait que notre copain mène des expériences pas très catholiques. »

Le vampire sourit en coin. Effectivement, Paracelse semblait manipuler des forces qui le dépassaient. Il avait tellement ouvert la brèche avec le monde magique pour parfaire ses expériences que plus rien ne protégeait sa demeure des créatures mal intentionnées. Kelem rejoignit Andras dans la pièce principale. Jamais de sa vie il n'avait vu un pareil capharnaüm, pas même dans l'atelier de Léonard de Vinci. Plusieurs tables étaient couvertes d'objets étranges et de substances en tout genre. Des livres et des feuilles manuscrites colonisaient chaque centimètre dans une anarchie où seul le maître des lieux pouvaient se retrouver. Andras commençait à tout toucher comme un gamin dans un magasin de jouet. Kelem, lui, observait chaque détail avec attention jusqu'à repérer une bosse parmi le monticule de parchemins. A son grand désarroi, il s'agissait d'une chaussure esseulée. Il ne mit la main sur l'objet de leur convoitise qu'après deux heures de fouille intensive relevant davantage de l'archéologie qu'autre chose. Andras ressentit une vibration magique tandis que Kelem avait la tête dans un placard. Le vampire aperçut alors une très belle lame. Il s'agissait d'une rapière finement décorée par des ornements dorés. La poignée était constituée d'arabesques et de courbes voluptueuses qui se rejoignaient tous au pommeau sur lequel se dressait un aigle. Si elle aurait pu passer pour une épée classique de visu, la lumière incandescente presque malsaine qui émanait de la lame ne laissait que très peu de doute quant à sa nature démoniaque. Andras s'approcha avec curiosité puis adressa un signe de tête approbateur en direction de Kelem. Sans hésitation, celui-ci se saisit de l'objet.

Immédiatement, il sentit une force fondre sur sa conscience, un poids écrasant qui se pressait sur son esprit. Le démon enfermé ruait comme un cheval sauvage dans son crâne, laissant déferler toute la puissance dont il disposait encore. Azoth tentait de prendre le contrôle de Kelem. La victime se tordait dans tous les sens face aux assauts mentaux qui déferlaient sur lui par vagues successives.

Andras jubilait. Il écarta les bras :

« Bienvenue Azoth, mon frère ! »

Kelem était désormais au sol. Il convulsait tout en restant fermement accroché à la garde comme si une force invisible l'empêchait de la lâcher. Soudainement, tout cessa. Kelem se releva sous le regard amusé et ravi d'Andras. Son sourire se fana brusquement lorsqu'il dut esquiver un coup de taille rapide.

« Tu es un sacré enfoiré Andras, on te l'a déjà dit ? »
« Tous les jours. Déçu de te revoir Kelem. »
« Le sentiment est partagé. Tu croyais vraiment que j'allais te faire confiance jusqu'au bout ?  »
« Pour être honnête, oui. Décidément, Gilbert est un trop bon professeur. »
« Était. »

Pour la première fois, Andras regarda Kelem avec une tête d'ahuri. Comme un acteur de théâtre, celui-ci savoura avec délectation l'effet qu'il provoqua. Enfin. Enfin il pouvait arrêter cette mascarade et mettre en oeuvre ce qu'il avait préparé depuis tout ce temps. Enfin l'intrigue arrivait à son point culminant, au retournement de situation qu'il attendait, à la dernière péripétie avant le l'apothéose. A cet instant, si la satisfaction avait eut un visage, elle aurait probablement choisi celui de Kelem.

« Nous allons renverser Gilbert, toi et moi. »
« Hein ? Tu peux me la refaire ? »
« Il se trouve que j'ai d'autres plans pour la famille, des plans qui nécessitent quelqu'un de fort, de rusé et de ... Hum, plus entreprenant. Gilbert a fait son temps, il commence à se ramollir et il se trouve que j'ai ouïe dire que Lucifer était mécontent du travail de son agent. Puisque tu es son émissaire, je te propose une offre : aide-moi à prendre la tête des Rosan et je j'apporterais à ton maître un soutien sans borne. »
« Comment peux-tu savoir les dissensions entre mon maître et le tien ... ? Ce n'est pas possible, nous n'avons évoqué ce sujet qu'à l'occasion du congrès-- Oooh, malin, très malin.Vieux comme le monde, mais très astucieux. J'aurais dû me douter que c'était toi. »
« C'est grâce à toi que l'idée m'est venue, quand la première fois tu m'as dit que je ressemblais à une femme. Il n'a pas été difficile de trouver un déguisement et encore moins de rentrer dans la mesure où tout ce qui avait une paire de seins et sentait la magie passait la porte sans difficulté. »

Rétrospectivement, il avait un peu honte de cet épisode de sa vie. Il avait dû raser les murs durant tout l’événement de peur qu’un incident fort malencontreux ne se produise.

« T’es une sacrée pourriture en vérité. Moi qui te trouvais un peu niais et passif. »

Kelem fit une révérence moqueuse. Toutes les pièces étaient désormais placées sur l’échiquier, il ne lui restait plus qu’à les manier habilement.

« Je suppose que tu acceptes mon offre ? »
« J’aime bien. Sans rancune ? »
« Sans rancune. »

Là, il mentait clairement. A terme, il comptait également se débarrasser d’Andras. Ce sale traître avait laissé Kelem toucher l’épée pour qu'Azoth puisse le posséder. Mais Kelem avait un atout dans sa manche qu’il ne comptait pas révéler pour l’heure. Andras devait sûrement penser que quelque chose avait dysfonctionné sans pour autant réussir à identifier l’élément perturbateur. Et puis, la puissance d’Azoth n’était pas si extraordinaire au final. Kelem sentait sa présence vibrer au contact du pommeau mais rien d’incroyable. Visiblement, d’une manière ou d’une autre, son pouvoir était bridé par quelque chose. Il n’avait pas le temps de découvrir quoi. En attendant, il se contenterait de cette jolie rapière en métal précieux, elle serait déjà amplement suffisante pour ses projets. Projets dans lesquels il devait maintenant gérer un démon facétieux. Heureusement, Kelem ne craignait pas qu’Andras tourne-casaque et se range au côté de Gilbert au dernier moment. Le démon savait où allait son intérêt.

« Bien, retournons auprès de notre ami commun. Je t’expliquerais le plan en chemin. »

L’équipe quitta la demeure de Paracelse après avoir mis à sac ses travaux. Le médecin philosophe n’était pas un danger ; sa réussite avec Azoth ne résultait que d’un coup de chance qu’il n’était pas près de renouveler.

Sur la route, le vampire dévoila une partie de sa sinistre œuvre à son acolyte. L’objectif était de faire passer le décès de leur seigneur pour un accident et élimer les autres vampires susceptibles de se dresser contre l’ascension au pouvoir de Kelem. Et c’est ce qu’ils firent avec brio. Quelques semaines après leur retour au bercail, un incendie purement fortuit embrasa le manoir Rosan. Contre les vampires, rien de mieux que des flammes, surtout lorsqu’elles avaient une origine magique voire, démoniaque. Kelem était dans le bureau de Gilbert qui examinait avec fascination Azoth sans jamais la toucher. Le maître exprimait une méfiance sans borne envers l’objet dans la mesure où, malgré leurs recherches, ils n’avaient pu déterminer l’ampleur de la puissance de la lame. Face à la panique qu'il entendant dans son manoir, Gilbert se dirigea vers la porte afin de remplir son rôle de chef de crise. Kelem attrapa Azoth. Il la planta en plein cœur de Gilbert tandis qu’il était de dos. Efficace, sans fioriture, un coup de pute pur et simple.

« Toi. » haleta Gilbert tandis qu’il tentait de s’extraire de la lame.
« Moi. Désolé. »
« Tu n’en penses un mot. »
« C’est vrai. Je me dois quand même de te remercier, tu m’as beaucoup appris. »

C’était trop tard. Azoth était constituée d'argent pur, un vampire pouvait difficilement s’en remettre, surtout quand elle était fichée dans sa poitrine et qu’elle le traversait de part en part. Gilbert s’effondra sur le sol. Pour la forme et parce qu’on ne prenait jamais assez de précautions, Kelem lui trancha la tête sans une once de remords. Voir le cadavre inanimé de ce qu’il aurait pu considérer comme son ami lui arracha un pincement au cœur pour une raison qu’il ignorait. Gilbert n’avait jamais été qu’un outil, comme il l’avait été des siècles auparavant pour Moïra. Son sacrifice était nécessaire pour qu’il puisse accomplir sa vengeance. Gilbert ne lui aurait rien apporté de plus de toute façon. Il ne devait pas faire de sentiments.

Du moins tenta-t-il s’en convaincre en s’éloignant de la scène du crime.

Les vampires se rassemblaient à l’extérieur, affolés tandis que le manoir se consumait petit à petit. L’incendie était devenu incontrôlable, Andras s’en était assuré personnellement. Préalablement, les complices avaient tout de même pris leur disposition pour éviter que les objets les plus précieux ne soient réduits en cendre. C’eut été une erreur stratégique grossière que de cramer les richesses accumulées par les Rosan au fil des âges. Kelem s’assura de sortir en dernier du manoir. Il dût se frayer un chemin à travers les flammes et ne put éviter quelques brûlures. Avec déplaisir, il étouffa un départ de flammes sur une de ses manches ; son costume était ruiné maintenant. Au moins, il apporterait du crédit à sa version des faits.

Arrivé à l’extérieur, tout le monde le fixait dans l’expectative. Son bras le lançait mais commençait petit à petit à cicatriser malgré la difficulté évidente qu’il rencontrait.

« Où sont les autres ? » demanda-t-il en feignant l’étonnement.
« Ils ne sont pas avec toi ? »
« Non, je n’ai vu personne. »

Sa déclaration plongea l’assemblée dans le désarroi. Vu l’état dans lequel se trouvait le bâtiment en proie aux flammes, il devenait évident qu’aucune vampire ne parviendrait à sortir. Kelem coula un regard en direction d’Andras qui lui confirma d’un hochement de tête que les potentiels perturbateurs avaient été éliminés.

« Le feu était d’origine magique, siffla un vampire à sa gauche avec véhémence, regardez comme nos blessures peinent à cicatriser. C’est un coup monté, on a voulu nous nuire ! »

Le débat fut lancé. Kelem jubilait tandis que les présents commençaient à élaborer des théories sur leur assaillant. Trouver des coupables était une bonne source de cohésion, il en aurait besoin pour la suite. Et puis, s’il parvenait à faire accuser quelqu’un de gênant … Il ferait une pierre deux coups.

« Personne ne sait où se trouve le seigneur Gilbert ? » finit par questionner une vampire lorsque le bâtiment s’effondra dans un grand fracas. Kelem sentit qu’il devait intervenir.
« Il m’a dit qu’il voulait s’assurer que tout le monde était sorti avant de partir … »

Une femme se mit pleurer face à l’insinuation. Elle manqua d’ailleurs de renverser un adolescent couvert de suie à demi-brûlé. En tout et pour tout, la famille devait compter moins d’une dizaine de membres.

« Ils nous paieront ! Je le jure, ils paieront pour la mort de tous nos frères et sœurs ! »
« Oui, nous les ferons payer. Nous trouverons les coupables puis nous les détruirons comme ils ont détruits ceux que nous aimions ! »
« Kelem, tu étais l’homme de confiance de Gilbert. Que devons-nous faire maintenant ? »
« Aaaah. Kelem eut du mal à contenir le sourire de satisfaction qui montait. Il se força à afficher un air dépité devant la disparition tragique de son ami. Il nous faut avancer mes amis, nous ne pouvons pas nous permettre de nous apitoyer sur notre sort. Face à chaque difficulté qui s’est présentée, Gilbert s’est toujours relevé, nous soulevant avec lui. C’est à notre tour à présent. Reconstruisons de nouvelles bases ensemble afin d’acquérir de la puissance pour rendre au centuple ce qu’ils nous ont infligé aujourd’hui. La mort de chaque membre de notre famille ne restera pas impunie. »

L’assemblée, quoique silencieuse, opina du chef. Pour un premier discours, Kelem s’attendait à davantage de reconnaissance mais il demeurait ravi. Andras semblait amusé et contenait tant bien que mal un rire naissant. Les Rosan quittèrent Florence afin de prendre un nouveau départ. En tant qu’ancien proche de Gilbert, les autres se référèrent instinctivement à Kelem dès qu’ils avaient besoin d’un meneur.

Deux semaines plus tard, Kelem se retrouvait à la tête de sa propre famille.

Deux vampires désapprouvèrent sa soudaine accession au pouvoir ; il les autorisa à quitter le groupe et les assura qu’il plaiderait en leur faveur lors du prochain congrès vampirique tout en notant pour plus tard qu’il faudrait qu’il s’occupe de leur cas, ce qu'il fit quelques années plus tard.

Lysandre A Fawkes
Lysandre A Fawkes

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MessageSujet: Re: Lysandre • Quand on est une pourriture et qu'on le vit bien Lysandre • Quand on est une pourriture et qu'on le vit bien EmptyDim 2 Avr 2017 - 15:30

Suite


Histoire

La famille s’établit en France, non loin de la capitale. Pour marquer leur nouveau tournant, Kelem se forgea une nouvelle identité, celle de Lysandre. Il renomma la famille Narcy avec l’accord des autres. Le prochain congrès vampirique arriva rapidement tandis que les Narcy se reconstruisaient petit à petit grâce au génie de Lysandre – qui, en vérité, se contentait de distiller progressivement la richesse qu’il avait récupéré avant l’incendie. Les vampires se réunirent et, si chacun fut fort surpris de la disparition de Gilbert, personne n’objecta pas la nouvelle position de Lysandre, ce dernier ayant suffisamment fait ses preuves au cours des ans en tant que second de Gilbert. Durant toute la réunion, Lysandre jaugea ses adversaires.

Andras lui présenta à l’écart ceux qui, comme lui, s’était engagés à œuvrer pour Lucifer. Le Conseil des Quatre, les autres familles vampiriques servant Lucifer, était de nouveau complet. Afin de préserver l’anonymat des vampires impliqués, chacun portait un pseudonyme et témoignait masqué. Lysandre récupéra le surnom de Notos que Gilbert lui avait laissé. A sa grande surprise, Zéphyr, Borée et Euros étaient plutôt ravis du décès de Gilbert qui, au final, était timoré dans son soutien pour Lucifer. Le Conseil disposait par ailleurs de moyens de communication propres et, franchement, Lysandre était agréablement surpris par leur organisation et leurs relations. De plaisantes perspectives s’ouvraient à lui. Il ajouta à sa liste de tâches déjà considérable de démasquer ses trois confrères afin de disposer d’un moyen de pression sur eux. Sait-on jamais.

En 1541, Lysandre eut une surprise fort déplaisante lorsqu’Azoth se rappela à ses bons souvenirs. Durant une vingtaine d’années, trop occupé à bâtir l’influence de sa famille, il avait oublié son étude sur l’épée démoniaque. Tout au plus s’en servait-il à l’occasion pour s’entraîner. Sinon, elle restait accrochée au-dessus de son bureau comme un trophée de chasse. En cette belle matinée, Lysandre attrapa la lame dans l’intention de pratiquer l’escrime. La sournoise présence l’assaillit avec une force telle qu’il en vacilla, désarçonné. De nouveau, comme la première fois où il l’avait saisie, il sentait le poids du démon presser sur sa conscience pour en prendre le contrôle. Toutefois, contrairement à la première fois, la pression exercée était décuplée. Les deux entités se lancèrent dans une lutte mentale sans merci, l’un tentant de dominer l’autre. Lysandre usa de nouveau de la technique que Gilbert lui avait appris des années auparavant : barricader son esprit à ce genre d’intrusion. L’exercice était néanmoins éreintant face à la force malveillante qui attaquait sans relâche sa forteresse mentale à la recherche de la moindre brèche à exploiter.

Tu n’es pas humain … siffla une voix traînante dans son esprit. C’était la première fois qu’il entendait Azoth s’adresser à lui. Quelque soit la chose qui avait bridé les pouvoirs du démon, le garde-fou venait de s’effondrer. Lysandre tenta de ne pas se laisser déconcentrer.

Je vois … Beaucoup de choses … Un amour, une haine, des trahisons …
Et une victoire face à un démon bavard, non ?
Aaaah, un comique. Parfait.


Au terme d’une lutte acharnée, les assauts d’Azoth se firent plus lents, moins brutaux. Enfin ils cessèrent, de guerre lasse. Lysandre ouvrit les yeux, haletant. Son bureau était dans un état méconnaissable. De nombreux objets gisaient au sol, brisés, et sa table avait été coupée en deux. Visiblement, leur petit combat n’avait pas été si spirituel que leur échange avait pu le laisser penser. Agacé, Lysandre se plaqua contre un mur en soupirant. Sa vision était trouble et il était en transpiration.

« Un point pour moi. »

Oh, tu penses ? répondit la voix avec une pointe d’amusement.

Lysandre fixa la lame avec étonnement. Elle brillait d’un éclat orangé malsain.

Ce n’est que le début de notre collaboration, Athlios. Paracelse est mort. Le lien que j’entretenais avec lui est brisé. Désormais, je partage le lien avec toi.
Tiens donc.
Hmm, tu fais preuve de davantage de répartie dans tes souvenirs …
Cesse de fouiller là-dedans, je te prie. Tu risquerais d’y trouver certaines choses--
Que je voudrais oublier ? Non, que tu voudrais oublier mon cher. Bah ! De toute façon, je n’ai pas accès à grand-chose. Ta capacité à protéger ton esprit est assez impressionnante.
Merci beaucoup.
Un jour je trouverais une brèche cependant et ce jour-là …
Nul besoin d’utiliser des menaces dissimulées avec moi.
Elle n’avait pas la prétention d’être cachée. Comme tu le sais déjà, je suis Azoth. Paracelse m’a enfermé contre mon gré dans cette stupide épée afin de … Catalyser mes pouvoirs.
Pouvoirs qui désormais m’appartiennent.


Azoth ricana. Le poids de la présence dans la conscience de Lysandre disparut bien que le vampire sente toujours une réminiscence. Voilà une tournure pour le moins inattendue. Il lui faudrait effectuer quelques recherches. Maintenant, Lysandre avait deux démons insupportables sur les bras.

Les siècles qui suivirent ne furent guère mouvementés. Les intrigues qui y prirent place furent banales, sans saveur, d’une facilité presque déconcertante. Durant tout ce temps, Lysandre se contenta de bâtir son empire, de préparer le terrain pour des coups futurs. Ces travaux lui prirent déjà une temps considérable. Rapidement, il lui apparut que gérer une bande de vampires n’était pas de tout repos. Il fallait régler les conflits internes provoqués par une trop longue cohabitation, leur fournir de quoi se sustenter pour éviter qu’ils ne partent chasser n’importe où, éviter d’attirer l’attention des humains.

Il lui fallut également redorer le blason de sa nouvelle famille afin d’acquérir suffisamment d’influence parmi les seigneurs les plus puissants. Il bâtit son réseau d’informateurs progressivement, parvenant à placer un espion dans quasiment toutes les familles les plus intéressantes de son point de vue. Enfin, Andras leur apporta quelques opportunités afin d’éprouver son serment à Lucifer. Il était forcé de constater que sa relation avec Andras n'était pas si catastrophique qu'il aurait pu le penser au départ. Comme un vieux couple, il passait leur temps à se casser gentiment mais au fond, ils se respectaient et se craignaient. C'était à celui qui parviendrait à endormir la vigilance de l'autre en premier. A ce jeu, Lysandre n'avait pas de maître. Tout ceci consomma un temps considérable de sorte que la situation ne se stabilisa qu’aux alentours des années 1750. La gestion des Narcy ne devint alors qu’une simple formalité, la plupart des règles et mécanismes de fonctionnement étant désormais établis, lui laissant le loisir de s’intéresser de nouveau à des affaires laissées en suspens, comme, par exemple, la destruction de son ex-femme. Avec ravissement, il parvint à supprimer quelques membres des Ménis en bonus.

C’était sans compter les facéties d’Azoth qui le retardèrent dans sa noble quête. Ses recherches furent infructueuses, Paracelse étant parti avec ses secrets et le démon en lui-même ne communiquait que lorsqu’il le désirait. Par contre, il remarqua rapidement une différence. Déjà, Azoth ne le quittait jamais vraiment. S’il ne s’exprimait que quand Lysandre était dans la même pièce, le vampire sentait très bien la présence de l’esprit, comme un chien roulé en boule dans un coin qui attendrait patiemment qu’on le sorte. Malgré tout, il exerçait une pression constante que Lysandre peinait à réprimer sans faiblir. Azoth profita des brèches furtives dans les défenses du vampire pour lui pourrir l’existence. Il s’amusait à lui donner des phobies passagères, à exacerber certains de ses sentiments, à le tourmenter par des cauchemars dans le seul objectif que Lysandre baisse définitivement ses défenses. La victime résista vaillamment à toutes les provocations du démon, surtout lorsqu’il découvrit le véritable pouvoir d’Azoth.

En plus d’être une épée de très bonne facture, Azoth pouvait absorber la magie matérialisée. Ils se livrèrent à quelques tests avec Andras : chaque fois que le démon usait de magie à l’encontre de Lysandre, Azoth semblait aspirer le flux magique. La protection ne visait cependant que Lysandre et il fallait qu’il tienne l’épée ou, au moins, qu’elle soit plantée près de lui. Pour le coup, l’avantage procuré valait largement les inconvénients. Néanmoins, puisque l’œuvre de Paracelse était incomplète, le seigneur dénicha un mage qui renforcèrent les protections sommaires que le médecin avait apposée. Maintenant, n'importe qui pouvait prendre en main l'épée sans être assailli par le démon. Au moins,le risque qu'il se libère en tombant sur une bonne poire par hasard était supprimé ; Lysandre serait le seul à en faire les frais.

Tout se déroula en parallèle. Lysandre fut fort occupé, débordé même, fatigué par les facéties d’Azoth qui voulait l’avoir à l’usure. Il ne put néanmoins ignorer lorsque ses informateurs lui révélèrent que Moïra venait de prêter allégeance aux serviteurs de Dieu dans les années 1850. La meilleure blague de l’année ! Un vampire servant les forces du bien ! L’information le fit beaucoup rire par son ridicule. Ne comprendrait-elle jamais qu’ils n’étaient que des indésirables pour l’humanité ? Lysandre n’userait pas du mot monstre pour se qualifier. D’ailleurs, entendre cette insulte à son encontre le faisait sortir de ses gonds : il avait tué froidement une humaine après une soirée passionnée qui avait eut le culot de l’appeler ainsi. Quelque soit la raison de cette alliance grotesque, Lysandre comptait bien y mettre à terme. Sa vengeance avait assez attendue.

Lors d’un bal masqué donné en Autriche, Moïra devait être présente avec toute sa cohorte d’abrutis afin d’échanger des informations sous couverture avec des anges. Lysandre se fit un point d’honneur à ruiner la petite fête dès qu’il eut vent de l’événement. Il aborda cette opportunité devant le Conseil des Quatre qui approuva son initiative, loin de savoir les motifs purement personnels qui conduisaient Lysandre à agir de son propre chef et en s’impliquant directement.

C’était une soirée fort agréable d’été. Lysandre richement paré à grand renfort de jabots et de dorures, se présenta à l’entrée du gigantesque manoir qui accueillait le bal. Il présenta avec un sourire de circonstance son carton d’invitation. Quand on connaissait les bonnes personnes, il n’était pas compliqué de s’en procurer un, surtout quand on passait aux yeux de la société comme un riche et talentueux spécialiste en droit antique. Andras ne l’accompagnait pas ; on l’aurait immédiatement remarqué avec son aura démoniaque. Pour autant, il était prévu qu’il s’occupe d’organiser l’entrée des serviteurs des ténèbres au moment prévu. Pour l’heure, Lysandre était seul.

Tout était démesuré dans la salle de réception, que ce soit les tables, les lustres ou les robes des dames. Le centre était réservé aux danseurs qui valsaient au rythme de la musique traînante d’un orchestre à l’écart. Lysandre se plaça contre une balustrade en scrutant les danseurs d’un air absent. Cette fête de village n’avait rien à voir avec les bals qu’on donnait à Versailles à la belle époque. Il ne s’amusait pas. Normal puisqu’il était ici pour affaires me direz-vous. Derrière les masques, il tenta de discerner des traits familiers sans y parvenir. Avec un soupire las, il se détourna du spectacle puis consulta sa montre à gousset une fois qu’il eut échangé quelques mondanités. A cette heure, Andras et son équipe devaient petit à petit infiltrer l’arrière boutique. Il n’avait pas été simple de trouver un prête capable de lever les diverses barrières contre les esprits malveillants. Une fois séquestré voire un peu bousculé, il s’était toutefois montré plus conciliant. Évidemment, les gentils pigeons allaient s’apercevoir du trou dans leur mur de défense. C’était justement le but de la manœuvre.

Lysandre invita à danser une demoiselle dont le décolleté était fort plaisant à l’œil. Ses compétences en danse éblouirent ses partenaires successives quand les couples s’échangèrent. Et puis, tout à coup, la surprise manqua de le faire trébucher quand sa main se posa sur une taille qui lui était familière. Il perdit tous ses moyens l’espace de quelques secondes. Moïra. Il valsait avec Moïra, sans aucun doute possible. Il reconnaîtrait ses formes, son parfum, son sourire entre milles. Si son cœur avait pu battre, il aurait manqué un battement. Elle était si belle, si resplendissante. Il la haïssait tellement.

« Vous semblez troublé monsieur. »
« Vous êtes troublante, ma dame. »

Pendant un instant, il crut qu’elle l’avait reconnu. C'était stupide, il avait trop changé durant toutes ses années, physiquement parlant et le masque recouvrait presque tout son visage, sauf ses lèvres. Elle rit doucement.

« Voilà qui est cavalier de votre part. »
« Il est dans le rôle du cavalier de l’être après tout. »
« Je ne pourrais vous contredire sur ce point. Vous menez fort bien, dommage que cette mélodie ne soit pas à la hauteur de votre talent. »
« S’il n’y a que ce détail ma dame, je pense être en mesure de l’arranger. »

Elle pencha la tête sur le côté tandis qu’il s’inclina avec une légère révérence lorsque la musique arriva à son terme. En un sens, il était fier d’avoir capté son attention. Il n’était plus le petit gamin transi en manque de répartie. Lysandre lui fit un clin d’oeil à travers son masque afin de lui indiquer qu’elle l’observe. Elle quitta la piste de danse mais garda son regard fixé sur lui. Satisfait, Lysandre monta sur l’estrade près de l’orchestre. Il échangea quelques politesses avec le chef d’orchestre avant qu'il n’entame un nouveau morceau puis grimpa parmi les musiciens. Ceux-ci semblèrent circonspects mais s’écartèrent.

Lysandre s’installa devant le grand piano. Il adressa un signe de la main à Moïra qui secoua la tête, amusée. Ses doigts commencèrent lentement à parcourir le clavier. Le rythme lent se mua petit à petit en une musique endiablée. Les têtes se tournèrent vers lui. Lysandre était entièrement concentré sur les mouvements extatiques de ses mains qui dansaient sur le clavier avec assurance. Il avait mis des années à peaufiner sa technique, des années à répéter encore et encore les mêmes notes bien qu'il ait commencé son apprentissage sur un clavecin. Si aujourd’hui le résultat était fort impressionnant pour l’auditoire, il avait failli rendre fou les autres vampires à jouer inlassablement les mêmes notes jusqu’à les maîtriser parfaitement – à noter qu’un piano n’avait d’ailleurs pas survécu à ses tentatives et avait fini encastré dans un mur.

L'air était inconnu du grand public. En revanche, Moïra devait le connaître vu qu'il datait de la Grèce Antique. Lysandre l'avait simplement arrangé pour le transposer sur un piano et avait ajouté quelques fioritures pour rendre le tout intéressant. A la fin du morceau, Lysandre resta immobile quelques secondes sous les vivats de l'assemblée. Il s'inclina légèrement puis descendit de l'estrade après avoir touché quelques mots au chef d'orchestre. Moïra venait à sa rencontre.

« Comment connaissez-vous cet air ? »
« Ah ça ... Je pense que nous avons beaucoup de point commun. »

Avec une pointe d'amusement, Lysandre dévoila brièvement ses crocs. Moïra rit et l'entraîna à l'écart, dans un couloir. Ils discutèrent jusqu'à ce qu'elle se décide à l'embrasser. La suite prit une tournure des plus délicieuses. Lysandre était en train de réajuster son pantalon lorsqu'une explosion retentit au loin. Un sourire malsain étira ses lèvres. Moïra lui arracha son masque d'un mouvement brusque.

« Ce n'est pas vrai ... » souffla-t-elle.

Surprise ? Oups, découvert. lui répondit-il en usant du lien télépathique qui les unissait depuis qu'elle l'avait transformé. Sans plus de cérémonie, il se jeta sur elle pour une seconde danse plus endiablée cette fois-ci. Il parvint à la maîtriser avec une facilité qui l'étonna. D'une main, il l'attrapa au cou puis la souleva de terre en la plaquant contre le mur.

« Tu es devenue faible Moïra. Tu devrais essayer le sang humain ! »

Elle tenta de répondre mais il lui comprima sadiquement la gorge au point qu'elle ne parvint qu'à émettre des sons étouffés.

« Plaît-il ? Je ne suis pas sûr de comprendre. Articule bon sang ! »

Elle le fusilla du regard. Laisse-moi t'expliquer le supplia-t-elle. En guise de réponse, il l'envoya valser avec violence. Elle glissa sur le carrelage. Au loin, Lysandre entendait un tumulte sans nom dans la salle principale.

« Te laisser t'expliquer ? Mais il n'y a rien à expliquer ! Pitié, fais-moi grâce de tes excuses pathétiques. Dis-moi Moïra, que ressent-on lorsqu'on perd les membres de sa famille un à un ? Est-ce équivalent à la peine provoquée quand on les voit se lier tous contre soi ? Oh, suis-je bête, pour toi, l'affection n'existe pas, ils ne sont que des outils ... Tu ne vois donc pas d'inconvénient à ce que je continue à les éliminer ? »
« Depuis le début, c'était donc toi ... Athlios, je n'avais pas le choix, s'il te plaît, écoute-moi. »

L'ennui, c'est qu'il n'avait pas envie de l'écouter. Il désirait simplement lui offrir une agonie longue et douloureuse comme celle qu'elle avait voulu lui administrer. De nouveau, ils se jetèrent l'un sur l'autre mais, cette fois-ci, Moïra usa de toute sa force contre Lysandre qui peina à la contenir. Des pas résonnèrent au fond du couloir. De part et d'autre, les partisans de Moïra et les partisans de Lysandre arrivèrent. Andras mit un coup de pied en plein dans le ventre de Moïra, accordant la possibilité à Lysandre de souffler un peu.

« T'étais censé régler ton affaire et nous aider, pas prendre du bon temps pendant qu'on se tapait tout le travail connard ! » Andras lui tendit Azoth avec agacement.
« C'est bon, vous vous en êtes sortis sans moi. »

Lysandre récupéra Azoth de mauvaise grâce.

« Ah ça, c'est sûr, on s'en est pas sorti grâce à toi. »
« On en discutera plus tard. »

Andras leva les yeux au ciel. En dépit de sa décontraction apparente, Lysandre savait que le démon était en colère. Peu importe au fond. Il n'y avait que sa cible qui lui importait. Les deux camps de combattants désormais réunis reprirent la lutte. Lysandre affronta quelques partisans de la lumière avec décontraction. Un opposant tenta de l'éblouir en usant d'un sort mais Lysandre se contenta de lui opposer sa lame qui aspira la magie sous l'étonnement de son adversaire.

La plèbe ne l'intéressait pas, son objectif était à l'arrière. Il la voyait se battre avec une lance derrière les lignes. Les vampires avaient du mal à se convertir à la technologie et aux armes de l'époque ... Se frayant un chemin sanglant parmi ses adversaires, Lysandre parvint à croiser le fer avec Moïra. C'était lui qui lui avait appris à manier correctement une lance. Ce détail l'énerva et il ignora superbement toutes les répliques de son ex-femme qui tentait de faire amende. Elle aurait pu lui parler de la reproduction des phasmes lapis-lazuli du Swaziland qui l'aurait tout autant écouté.

Mais alors que Lysandre ferraillait dur contre sa Némésis, la perte malencontreuse d'un bras suite à une offensive dans son dos marqua le début de la déroute des forces du mal. Ils n'étaient pas assez nombreux face aux gentilles créatures. Lysandre ramassa son membre à terre. Il l'agita en direction de Moïra pour la saluer puis battit en retraite. A la sortie, une violente dispute éclata avec Andras qui l'accusait de leur défaite. Il faut dire que leur clique était dans un piteux état. Ils en vinrent aux mains, Lysandre étant profondément contrarié par son échec cuisant face à Moïra. Finalement, ils se séparèrent devant la fatigue accumulée.

Cette défaite resta longtemps en travers de la gorge de Lysandre. A cause de ses erreurs accumulées, il avait gâché son effet de surprise. Maintenant Moïra s'attendait à ce qu'il lui pourrisse la vie. Et en prime, il allait se prendre une soufflante par ses collègues du Conseil des Quatre. Un fiasco. Inutile de préciser que Lysandre se fit plutôt discret suite à cet incident. Il dût en outre tenter de masquer son implication pour en limiter les effets.

Une occasion se présenta à lui bien des années après. Suite à quelques coups sans envergure et des péripéties banales pour de nouveau figurer dans les bonnes grâces de Lucifer, la troisième guerre mondiale l'attira hors de son manoir londonien de l'époque. Il était temps d'agir. Le Conseil des Quatre était parfaitement d'accord avec lui : les partisans de Lucifer commençaient à s'agiter, voyant une opportunité qu'il serait scandaleux d'ignorer. Lysandre participa à la mise en place du retour de l'archange déchu, dans l'ombre, jusqu'à l'apogée lorsque Lucifer revint sur Terre.

Lysandre combattit aux côtés des autres pour asseoir la suprématie de Lucifer. Azoth lui permit de s'imposer comme un combattant de valeur parmi. Il en profita d'ailleurs pour supprimer Andras discrètement. Vous savez, sur un champ de bataille ... La différence entre ami et ennemi était tenue ; il était facile de se débarrasser discrètement d'un gêneur dans le tumulte des combats. En général, personne n'y prêtait attention. Il rencontra par ailleurs un esprit de vengeance par l'intermédiaire d'une ange déchue ... Intéressante, et pas forcément que du point de vue de son intellect. Lysandre profita très largement de la suprématie de Lucifer sur Terre. Il s'enrichit considérablement et jamais les vampires sous sa coupe ne connurent de jour plus vaste. La trahison de Saint-Michel mit toutefois un terme à cette période dorée. Une fois de plus, Lysandre dut battre en retraite, la queue entre les jambes, disparaissant de la scène.

Il ne réapparut que des années plus tard à Naturalis dans un premier temps, puis, sur les sollicitations de ses confrères partisans de Lucifer et grâce à un indice concernant l'éventuelle présence de Moïra, à Néo-Génésis. Comme d'habitude en arrivant dans un nouveau pays, Lysandre tenta d'étendre son influence dans toutes les strates de la société en y plaçant des vampires sous sa coupe. Pour sa part, il bâtit un hôpital afin de fournir à sa clique une couverture parfaite. Et puis, ça l'amusait, d'être directeur d'un hôpital ... Il ne l'avait jamais fait. Il aurait très bien pu user de ses richesses en faire un gigantesque édifice dans le Centre-Ville mais préféra ne pas attirer l'attention sur sa personne dès le départ, raison pour laquelle il se contenta de l'implanter dans le District Sud. Il s'accommoda rapidement à sa nouvelle vie à Néo-Génésis dans son gigantesque manoir du District Est où il regroupa les gens de sa cour les plus proches.

Si les autres doivent lui rendre des comptes, il leur laisse une certaine liberté de vivre là où il le désirent du moment qu'ils ne contreviennent pas aux règles strictes qu'il impose dont, la plus importante, n'attaquer aucun humain sans en avoir expressément l'autorisation. Evidemment, ses vampires ne portent pas tous le même nom de famille que lui, c'eut été une erreur grossière, ce qu'il explique qu'il ait pris un nom de famille de son invention en guise de couverture. Au fond, ils savent qui est le patron et c'est ce qui lui importe. A l'instar d'un chef mafieux, il leur accorde protection et pourvoit à leurs besoins dans la mesure du possible en échange d'une loyauté sans faille. Et d'une partie de leur argent. Aussi. Quelques uns travaillent d'ailleurs directement sous ses ordres à l'hôpital, mais ils sont peu nombreux ; faire travailler des vampires au contact permanent de sang n'est pas une très bonne idée, seuls les plus vieux et les plus aguerris qui savent faire preuve d'une retenue exemplaire peuvent prétendre à un poste. En quelques années, Lysandre parvint à devenir un membre influent de Néo-Génésis. Son établissement hospitalier est florissant - même s'il fait toujours croire qu'il faut faire des restrictions budgétaires - et il compte bien l'améliorer encore petit à petit pour qu'il devienne à son image. De toute façon, il ne craint pas grand chose. Les vampires de la première génération susceptibles de rivaliser avec lui ne sont plus très nombreux. Chaque nouvelle génération est plus faible que la précédente, possédant de moins en moins de pouvoir. Récemment, son plus beau coup consiste à avoir participé indirectement avec ses petits copains au mouvement Deus Ex Machina. L'épisode a bien foutu le bordel dans la ville, il en était ravi. Par contre, il ne sait toujours pas se servir correctement d'un ordinateur.

Lysandre A Fawkes
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MessageSujet: Re: Lysandre • Quand on est une pourriture et qu'on le vit bien Lysandre • Quand on est une pourriture et qu'on le vit bien EmptyMar 4 Avr 2017 - 16:19

Félicitation !


Bienvenue chez les fous !

Félicitation !!


Tu a passé l'épreuve du feu et après des heures de réflexion et de rédaction, te voilà enfin validé !! Ton aventure dans notre monde de fou peut commencer.

Ne t'affole pas, comme nous sommes des nounours, en plus de t'offrir un cookie en récompense de tes efforts, nous allons te guider afin que tu puisse t'intégrer au forum, à la communauté et surtout, à notre histoire. N'oublie pas, à partir de maintenant, chacun de tes choix seront déterminant, non seulement pour ton futur, mais aussi... Pour celui de la Cité et peut-être même, du monde entier.

Aller, inspire un grand coup et jette toi à l'eau, oui, oui, sans maillot, de toute façon, tu sera obligé de te mouiller et voir même, t'y mettre jusqu'au cou !

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